Campement des bourguignons

Par tous les saints du Ciel, que faites-vous là, Eusaias ?!

Oui, bon d'accord, là, on s'éloigne de la bonne éducation qui veut qu'on commence par dire bonjour. Mais lui non, le Baron, il n'avait pas dit bonjour, na!

Un regard qui glisse vers Keridil...un autre qui s'en va vers Angélyque et une claque sur la main qui vient de se poser sur sa hanche. Non mais...avait-il déjà oublié, Digoine, que jamais avant le mariage était la ligne de conduite de la Blonde ?

Keridil prit congé...et Della eut l'impression de basculer dans un grand trou, l'angoisse revenait.
C'était donc le moment où la Blonde allait devoir affronter seule ou presque le monde entier, ravalant ses peurs et cachant ses regards anxieux derrière un sourire de circonstances.

Oui oui, on se revoit tout à l'heure, mon ami...Et d'ajouter, silencieusement, en un battement de cils : Me laissez pas toute seule...Pourtant, il fallait qu'elle reprenne la maîtrise d'elle-même et surtout, qu'elle puisse retrouver sa personnalité, la seule, la vraie, celle qui avait d'elle, la Renarde Noire, Railly.
Elle rassura son ami, se rassurant elle-même : Ca va aller.

Lorsque Keridil fut reparti à son accueil, la Blonde respira profondément, releva le menton et les épaules et...revenant vers Digoine et Cruzy le Chastel : Vous tombez à pic, mon cher Eusaias ! Dites-moi...pouvez-vous faire lever une tente là et une autre là-bas ? L'index pointa tour à tour les deux extrémités du campement. La vôtre...Celle de la Baronne et moi-même. Même geste, démontrant une évidence, Cruzy le Chastel et Railly dormiraient ensemble.

Les seizièmes de final étaient terminées, Keridil avait du se rendre auprès de quelques nouveaux arrivants, certes retardataires mais arrivants quand même et Della en profita pour revenir au campement, se rafraîchir un peu.

Elle était toute guillerette, la Blonde, la journée était absolument magnifique pour elle.
Elle chantonnait même...chose très rare même si elle avait une jolie voix.
Celles qui vont au bois, C’est la mère et la fille.
La mère s’égosille: Sa fille est aux abois.
– Margot, m’allez vous dire Quel est ce grand émoi?
– J’ai bien trop d’ire en moi, Je souffre le martyre:
Je suis fille le jour Et la nuit blanche biche.

Les barrières de châtaignier dépassées, voici qu'elle aperçut une dame...inconnue. Enfin, pas vraiment, elle devait avoir jouté et Della l'avait probablement vue mais en armure et pas...comme maintenant.

Elle approcha et sans le vouloir - mais si puisqu'on vous le dit - elle entendit ce que demandait la dame à l'esclave d'Eusaias.
Rhooo, la curiosité, vous connaissez ?

Depuis qu'elle fréquentait Eusaias, la Blonde en avait vu des femmes autour du Balbuzard, de toutes les espèces...Blondes, brunes, rousses, petites, grandes, jeunes, moins jeunes...Elle soupira en pensant : "Tiens, v'là la proie de ces joutes."

Puis, arrivant à hauteur de la dame, elle sourit, faisant signe à Hector d'aller jouer plus loin.
Ma dame, le bonjour. Je suis Della de Volvent, Dame de Railly et surtout Bourguignonne, je peux vous aider...
La tente du Baron est celle-là...Index qui se tend, montrant l'autre bout du camp. Là-bas...Nous avons préféré qu'il soit loin de la tente des dames...Vous voyez ce que je veux dire ? Petit sourire entendu.

Sindanarie refusa son aide. Sans doute la réponse était la plus logique pour quelqu’un qui ne voulait pas subir les assauts du Balbuzard.

Comme vous l’entendez belle enfant. Si durant la nuit la douleur était trop vive et que la tente médicale trop pleine, venez me lever. Mais sachez que cette fois ci ce n’était pas une vilaine manière de toucher votre peau nue. Sinon oui, c’était bel et bien la dame de Railly à qui je rendais ses bas. Mentant sans vergogne : Je les ai retrouvé dans ma chambre le lendemain d’un soir ou j’aurai abusé d’alcool… je me demande si elle n’aurait pas abusé de mon état mais ma foi… ce qui est fait est fait, je devais les lui rendre quand même.

Il dévisagea la limousine avant de rajouter :

Je compte sur votre discrétion pour ne pas l’ébruiter, je ne voudrais pas créer un souci entre elle et son amoureux.

Et c’est à cet instant que l’instinct prédateur fit son entrée, le temps d’un tour de sa « proie ». Le balbuzard fit donc, d’un pas « naturel » le tour de la dame de Viam parcourant celle-ci de son regard d’oiseau de proie.

Ma belle amie serait-ce vos services dans la licorne qui vous donnent si jolie croupe ou l’air du limousin ? J’ai déjà constaté cela sur des gens de votre ordre et limousine… Oh mais je me montre vraiment grossier. Vous voulez boire un verre sans doute ?

N’attendant aucune réponse :

Victor, fait servir deux hanaps de vin !

Et à la dame de Viam :

Allons venez, assis nous serons mieux.

Allons jolie dame si je vous invite a venir me chercher en cas de douleur c’est que ça me dérange pas. Pour le combat de demain, c’est contre une gonzesse…. Euh contre une dame alors je ne m’inquiète pas.

C’était sans doute une bourde, mais une de plus une de moins, autant avoir le courage de ses opinions et celles d’Eusaias avaient toujours été claires : Les femmes dans un tournoi ne devrait être là qu’en tant que spectatrices. Il opta donc pour ne pas s’excuser sur ce propos.

Pour ma réputation ne vous inquiétez pas, elle n’est plus à faire et pour le fait de mourir… Hum très entre nous je suis de ceux qui pensent que le destin est tout tracé, donc si je dois mourir dans d’affreuses souffrances car on m’attribue une relation avec vous-même… Qu’il en soit ainsi !

Le Bourguignon n’avait jamais tremblé, mis à pat de froid. Il jouait régulièrement avec sa vie, dans d’inutile combat, dans des escarmouches avec des mercenaires ou tout simplement aux dés, alors il ne baisserait pas les bras devant une superstition. Il appuya ses propos d’un simple haussement d’épaules.

Sinon, loué soit votre ordre pour le travail qu’il fait et pour le royaume et pour votre corps. Et j’espère que les cavalcades pour vous seront toujours aussi bénéfique, d’ailleurs si vous chercher un… étalon il allait dire… partenaire… pas mal non plus… vous n’aurez qu’à me faire signe de votre main valide.

Et hop l’art d’être vaseux !