Tour et détours

Depuis la basse cour, elle avait franchi la muraille. La foule des gens semblaient se diriger vers la Chapelle, mais ça n'était pourtant pas l'heure des vêpres. Devinant un évènement inhabituel, elle avait préféré trouver un lieu moins peupler pour se mettre à disposition de Dame Della.
Un écuyer l'avait d'abord orientée vers les cuisines, mais là, une matrone mafflue et blanche de farine l'avait expulsée sans autre forme de procès.
Elle avait également failli descendre dans les caves, mais un garde en faction devant ce qui semblait être des cachots lui avait barré le passage.
Finalement, une soubrette portant une pile de linges lui avait indiqué le donjon. Là, après avoir poussé la mauvaise porte, une fois de plus, dérangeant une femme de chambre entrain de lutiner avec un garde, elle avait fini par arriver dans un joli bureau, tendu de vert.

L'endroit était calme. Un exemplaire du Livre des Vertu était posé sur un lutrin et un bouquet de roses embaumait l'atmosphère. A n'en point douter, c'était là le bureau d'une dame. Quelques ouvrages de médecine sur une table achevèrent de la convaincre qu'elle avait enfin trouver le bureau de la Baronne.

Pour patienter, elle prit place devant le livre ouvert. Quelqu'un finirait bien par s'apercevoir de sa présence, ou la maistresse des lieux par venir travailler à son courrier... Du moins, elle l'espérait.

Messages : 529 Date d'inscription : 17/07/2010

Le courrier arrivé ce jour-là l'avait, comme à chaque fois, émue jusqu'aux larmes.
Les mots avaient été lus, relus et relus encore jusqu'à les connaître presque par coeur.
Le temps avait beau passer, rien ne semblait amoindrir la ferveur des écrits.

Il faudrait y répondre.
Mais pas trop vite.
Comme à chaque fois, Della laisserait quelques jours avant de faire écho à cette missive.
Elle préférait se laisser imprégner des phrases, les relire encore et encore...et là, viendrait alors le temps de l'échange.

Pour l'heure, elle regagnait son bureau afin d'y ranger le parchemin, dans le coffret, auprès des autres, provenant de la même plume.
Elle poussa la porte et...

Isandre ! Elle entra, referma la porte et avança vers la jeune femme.

Vous êtes là ! Que je suis heureuse de vous voir.
La lettre en main...ah oui, la lettre...ne pas la laisser traîner...Excusez-moi...Ouvrant alors une armoire, elle en sortit un petit coffret aux délicates sculptures. Prenant garde de tourner le dos à Isandre, elle défit d'autour de son cou, une clé qu'elle tourna dans la serrure de l'objet avant d'y glisser le précieux document. Coffret refermé et clé remise en place, elle revint vers sa damoiselle de compagnie.

Un courrier auquel je dois répondre...cela concerne mes vignobles, en Bourgogne.
Rhooo...le mensonge...et avec quel aplomb en plus !

Le voyage ne fut pas trop pénible jusqu'ici ?
Avez-vous fait amener vos malles, déjà ?

Votre chambre est prête...j'espère qu'elle vous plaira.

Visiblement, le courrier était précieux pour bénéficier d'un tel écrin, mais Isandre n'était guère curieuse. Aussi tourna-t-elle commodément la tête pendant que Dame Della s'occupait de sa cassette.

- Bonjour Dame. Désolée d'arriver si tard, mais je me suis encore un peu perdue en route. Ceci dit, la région est magnifique. J'ai rarement vu autant d'opulence.

Ses malles ? En fait de malles, elle n'avait que le baluchon qui trainait à ses pieds...

- Hum... Oui, j'ai toutes les affaires qu'il me faut. J'ai l'habitude de voyager léger.

En fait de légèreté, elle ne disposait guère que d'une chaisne de rechange, un jupon pour les grandes occasions et le médaillon de sa mère. Ca ne prenait pas vraiment de place.

- Une chambre ? Très bien. Je pense que n'importe laquelle me conviendra. Aux couvents, je dormais le plus souvent dans les dortoirs. Tant que le lit est ... bon...

Elle allait plutôt dire "sans punaises", mais elle doutait que ces impossibles bestioles aient eu droit de citée ici.

- Avec votre permission, je vais donc déposer mes affaires et ensuite, je suis à votre disposition.