A la recherche de la Baronne d'Auneau

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

Le soir tombait, cela faisait deux jours que Franceska, la belle rousse était partie, et Keridil se sentait plus seul que jamais. Il n'était pas homme à s'épancher, mais il avait aujourd'hui besoin d'une oreille à laquelle s'adresser, une oreille attentive, compatissante, mais aussi juste et franche. Il avait bien sûr pensé à sa marraine, mais elle même se battait contre ses démons et aurait sombré dans un sentimentalisme malsain ; Aegidia, elle aurait peut-être été trop sèche pour l'entendre. Alors qui d'autre que Naluria, l'amie et soeur de coeur grâce à laquelle il avait rencontré Amour pour la première fois, qui d'autre que celle qui, tout en étant attentive, saurait lui dire "allez, debout ! Va donc armer Bacchus, ça te changera les idées". Il la voyait peu ces temps-ci, et ne la trouvant au château, il sortit aux jardins sur lesquels le soleil se couchait.
Peut-être y ferait-elle marcher Eisangélia.

En marchant, il finit par oublier le pourquoi de sa venue entre ces plantes, et se rappela des moments, des émotions. De sa vie, ou du moins de celle qui avait commencé à son arrivée à Orléans, il ne se rappelait pas avoir déjà ressenti cela...puis si, un autre départ, bien avant. Mais elle était brune et non rousse...et elle avait un enfant ; il faisait chaud et le petit homme brun pleurait, de plus en plus fort.

Keridil s'éveilla en nage sous un arbre, la nuit était tombée.
S'asseyant sur un banc de pierre, il se laissa aller aux larmes...

Quand je bois du vin clairet, ami tout tourne, tourne, tourne, tourne, aussi désormais je bois Anjou ou Arbois.

Quand je bois du vin clairet, ami tout tourne, tourne, tourne, tourne, aussi désormais je bois Anjou ou Arbois.

Chantons et buvons, à ce flacon faisons la guerre, chantons et buvons, les amis, buvons donc !

Chantons et buvons, à ce flacon faisons la guerre, chantons et buvons, les amis, buvons donc !

Naluria continua en sifflotant tout en marchant dans les jardins en direction de son jardin médicinal. Ses origines vikings lui avait appris de cueillir les plantes sauvages durant la nuit afin que leurs effets soient à leur paroxysme. Déambulant de ci de là dans le jardin, une silhouette semblait errer dans la maison de Dame Nature. Aucune ronde n'avait été prévue pour l'heure, il faudrait donc qu'elle se débrouille, sans arme, si c'était une personne malveillante. Elle prit donc une voix autoritaire pour se faire plus imposante.

Qui va là ! Vous êtes sur le domaine des Amahir, je vous somme de vous présenter !

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

D'abord un chant, comme si des nymphes avaient pris d'assaut le jardins, les paroles étaient inaudibles mais c'était bien une petite musique qui se faisait entendre. Keridil se leva de son rocher et se dirigea dans la direction d'où venait le son, la main au fourreau, on n'était jamais trop prudent.

Citation :: Qui va là ! Vous êtes sur le domaine des Amahir, je vous somme de vous présenter !

Le jeune fut pris d'un bref instant de panique, être pris pour un ennemi n'était jamais bon, mais il reconnut bien vite le doux timbre de Naluria dans ce cri.
Sur le même ton, avec un léger rire dans la voix il lui asséna avec humour :

Et qui d'autre qui d'autre que l'écuyer des lieux que je suis se pavane en ce jardin, prétendant me demander de me présenter avant de le faire ? Si vous n'êtes pas un démon, sortez de l'ombre dans laquelle je distingue une lame.

Cependant il était soulagé de savoir que sa sortie nocturne n'était pas vaine, il avait trouvé celle qu'il cherchait et déjà le sourire lui venait aux lèvres, après ce prélude, il pourrait lui faire part de son envie de lui parler.

Un long silence avant d'entendre une voix fort présomptueuse.

Et qui d'autre qui d'autre que l'écuyer des lieux que je suis se pavane en ce jardin, prétendant me demander de me présenter avant de le faire ? Si vous n'êtes pas un démon, sortez de l'ombre dans laquelle je distingue une lame.

*Ouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh, il va voir de quel bois je me chauffe le jeunot.*

Naluria courru vers l'ennemi qu'elle avait reconnu comme Keridil et lui prit le bras.

Dis donc jeune homme, en parlant de pavaner, savez-vous au moins ce qu'est une pavane ? La seule arme dont je dispose se soir est le charme, tel un démon nommé Azazel.

Naluria sourit.

Mais je doute que ma lame transperce ton coeur. Elle émoussée pour tout homme. Je l'affute uniquement pour mon Duc.

Naluria se redressa et se mit droite, donna un coup de pied sur le céans de Keridil par un mouvement de jambe arrière pour que celui-ci se tienne bien droit.

La fierté de l'homme se tient dans sa stature, sa délicatesse dans la danse.

Naluria regarda Keridil dans les yeux.

Pavanons-donc mon cher et dite-moi pourquoi le froid de la nuit rend vos yeux si humide ?

Elle sourit puis se tenant droite, commence à faire les pas d'une pavane en direction du jardin des simples.

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

Keridil rit au petit manège de Naluria.
Elle avait de la classe ça ne faisait aucun doute, et de la force dans le pied aussi...ouille...
D'ailleurs c'était pour ça qu'il l'avait cherchée, un bon coup dans le céans ! rien de tel pour vous redresser un homme comme elle disait.

Il la suivit donc, se pavanant, c'était agréable de faire ça sous le ciel étoilé du jardin. Mais pas de vouvoiement pour lui parler...pas ce soir en tout cas, peut-être en cérémonie très officielle, et encore...

Bah...tu vois Frances...

Argh, il n'aurait pas cru qu'il serait si difficile de parler.

Franceska m'a quitté, pas plus tard que tout à l'heure...et quand je dis quitter...c'est pas qu'elle est rentrée au BA, enfin si, mais pour un moment.
Elle ne se sent pas prête à poursuivre quelque chose avec un homme.

Il repensa d'ailleurs à ce que venait de dire Nalu.

Citation :: La fierté de l'homme se tient dans sa stature, sa délicatesse dans la danse.

Et là...il n'avait rien d'un homme en fait.

Voilà, je pensais trouver réconfort près de la nature si abondante en ce jardin, et je l'avoue, je pensais aussi t'y trouver, afin d'avoir une oreille pour écouter mes paroles.

Il continuait d'avancer, mais il avait cesser de se pavaner.

Un pas puis un autre, avançant, doucement.

Bah...tu vois Frances...

Naluria s'arrêta net. Elle ne pensait pas que Keridil répondrait à sa question directement sans même tourner autour du pot. Elle regarda Keridil droit dans les yeux et l'écouta attentivement. La suite était tout aussi grave, tant dans l'explication que dans la voix de Keridil. Naluria tenta de sourire tendrement à Keridil afin de lui apporter un minimum de réconfort.

Keridil, s'il est vrai que je suis une oreille attentive, malheureusement je ne suis pas un modèle.

Elle serra son bras autour de celui de son ami et l'incita à marcher, c'était propice à la réflexion.

J'ai souvent abandonné les hommes car je n'étais pas prête, puis on m'a abandonné avant que je trouve vraiment des hommes en qui faire confiance.

Elle fit une pause.

L'Amour n'est pas une chose facile, c'est une souffrance nécessaire au bonheur futur. Je comprends Franceska malgré le fait que j'ai toujours suivi mon coeur et non ma raison. Elle est jeune et ne se voit pas dans un avenir. Il faut vivre au jour le jour, s'apprivoiser, parler de ses peurs, de ses craintes et de ce que l'on recherche.

Tu me dis que Franceska t'as quitté, mais l'as-tu retenu ? Retenir une femme c'est sans doute la meilleure chose que puisse faire un homme amoureux.

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

Keridil devait avoir une sale tête, parce que Nalu se déconfit vite et prit un air grave...Il était soulagé de voir qu'elle le soutenait, il savait qu'il pouvait compter sur elle, et il fut touché de sa douceur, qu'elle ne montrait pas toujours...
Il avait mal, mais il ne voulait pas se laisser abattre, et les paroles de son amie étaient une vraie thérapie.
Il prit son bras et l'écouta.
Elle était réconfortante et posait les bonnes questions...L'avait-il retenue ? Il avait essayé, mais si peu en fait...et pourquoi avait-il essayé de la retenir ? Il sourit tristement. C'est une voix paternelle qui lui avait fait comprendre qu'elle était la bonne, mais peut-être cette voix n'avait-elle pas crié assez fort.
Il savait que Franceska était encore au domaine, et c'est seulement physiquement qu'il avait pu la faire rester.
L'écuyer se serra contre Naluria.

Je n'ai pu que la comprendre...peut-être finalement ne suis-je pas plus prêt qu'elle, mais son départ me ronge. Je ne me suis pas senti le cœur à retenir, j'ai pensé que respecter son choix serait mieux pour elle comme pour moi, mais je crois que c'était faux. Et néanmoins, elle écoute la voix de sa raison et je ne peux aller contre cela...Le puis-je ?
Pfff je suis perdu, j'ai jamais vécu ça. Pourquoi les choses doivent-elles être ainsi ?

Il refusait d'admettre que la souffrance était un passage obligé, même si pourtant au fond il savait que son amie avait raison en disant cela.
Il tourna avec elle au détour d'un sentier dans le jardin, la lune était belle ce soir.

Tu restes encore un peu s'il te plaît ?

Oui oui, je reste, je dois cueillir des simples.

Naluria réfléchissait en marchant.

S'il est vrai que la raison est bonne parfois, il n'en reste pas moins qu'elle fait beaucoup d'erreur. La raison permet de ne pas s'emcombrer de sentiments, qu'il soit amoureux, de pitié ou de culpabilité.

Pour ma part si je vais contre la raison des gens et je ne respecte pas leur choix quand ils n'ont pas de bons arguments. Avoir des arguments, c'est mon grand jeux, mais attention à ce que cela ne devienne pas du chantage. Il n'y a pas de chantage en amour, il y a juste des compromis, du dialogue.

Elle s'arrêta et regarda Keridil comme pour qu'il écoute plus attentivement.

Tu sais, on n'est jamais prêt jusqu'au moment où on essaie. On hésite, on a peur, puis on y plonge un pied, un bras puis finalement on y reste parce qu'on s'y sent bien. L'inconnu fait peur et c'est pour ça qu'il faut l'affronter en courant.

Puis elle sourit.

Tout est difficile dans la vie, mais tout n'est pas marquant. Tu n'imagines pas la difficulté de tes premiers pas quand tu vois au loin l'objet désiré et que tu as peur de tomber. C'est pire dans ce cas, car ton esprit veut mais ton corps ne veut pas. Dans le cas présent ton esprit et ton veulent, mais ta raison, protectrice de ton coeur te le refuse.

Dans le pire des cas, les déceptions forgent la perception. Vous n'êtes pas au mariage Franceska et toi, profitez des moments présents, vous aurez tout votre temps pour réfléchir à votre avenir.

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

Il sourit. C'était une leçon de vie qu'il prenait, et ça lui faisait du bien, vraiment.
Cette difficile dichotomie entre coeur et raison...mariage ? En effet ils n'en étaient pas là, ils étaient même à mille lieues de là en ce jour.
Le jeune homme fut touché de voir Naluria partager ses expériences, et surtout les enseignements qu'elle en avait tiré, avec lui.

Tu as tout juste je crois, j'aurais dû m'opposer à sa raison, et la faire décrocher.

Une image comique lui vint à l'esprit...il préféra l'éclipser.

L'inconnu fait peur c'est vrai, il est tellement plus facile de se tenir devant de vieux vélins intemporels que faire face à un avenir incertain...Et pourtant c'est aussi ça l'excitation que nous apporte nos sentiments non ?
J'aimais ne pas savoir quand j'allais la revoir, parce que je savais qu'une arrivée improviste était possible, et pendant ce temps là j'espérais. Mais tout cela sans engagements justement...

Il était perdu tout à coup, et ne savait même plus trop ce qu'il disait. Il fit une pause pour penser, puis sourit.

Oui il faut courir et sauter, et je crois que je vais profiter que l'orage l'a empêchée de partir pour faire ce bond. Tu m'as convaincu qu'il ne fallait pas réfléchir et foncer, vivre le moment oui c'est ça, c'est tout à fait ça !

Il fut pris d'un soudain enthousiasme, tout était encore possible après tout ! Pourvu que sa jeunesse ne lui fasse pas défaut.
Le jeune homme cueillit une simple et commença à aider Nalu.

Naluria sourit à l'enthousiasme soudain dont faisait preuve Keridil. Il avait l'air d'un enfant à qui on venait de faire un cadeau. Le temps de discuter, le couple Mentor/écuyer était déjà arrivé dans le jardin des simples. Tout deux se baissaient pour ramasser des fleurs blanches.

Dis-moi Keridil, connais-tu le langage des fleurs ? Peut-être pourrais-tu envoyer des fleurs du jardin d'Auneau à Franceska pour que jamais votre amour ne se fane.

Elle sourit.

Mon amour est entremêlé de rose rouge et de lys blanc, représentant chacun l'amour que j'ai en Lexhor et ma fidélité pour le Roy. Deux choses importantes à mes yeux. Je suis sûre qu'au petit jour tu trouvera les fleurs qui correspondent aux sentiments qui te ressemblent.

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

Keridil découvrait les merveilles que Dame Nature avait gracieusement données à ce jardin. Des fleurs et des senteurs, qui même au crépuscule resplendissaient.
Nalu lui souffla une idée très bonne.

Je lui ai déjà offert des lys une fois, en Bourgogne. Mais c'est une très bonne idée que tu as ! Tu...tu pourrais m'aider ? Je ne m'y connais pas trop en compositions florales, et je ne sais pas ce qui pourrait plaire à une Damoiselle comme elle.

Il réfléchit un instant.

Des tulipes ? J'en ai vu de belles.

Naluria sourit.

On ne cueille pas les tulipes la nuit, elle dorme.

Naluria prit quelques fleurs blanches encore et prit le bras de Keridil.

Si tu as un peu de temps et si tu le désires, allons en cuisine pour t'apprendre le langage des fleurs.

Messages : 627 Date d'inscription : 28/12/2009 Localisation : Orléans

Keridil sourit.

Tu sais que je saurais toujours t'accorder du temps, et que j'aime à en apprendre toujours plus. Je te suis.

Naluria sourit puis entraîna Keridil jusqu'aux cuisines.