Ou le renart reçoit le nouveau Maître d'Armes.

En bon hôte, le renart se leva.
Il adressa à son neveu un sourire satisfait.
Le jeune garçon même s'il avait un caractère gauche comme sa mère, assimilait parfaitement les règles de savoir vivre qu'il recevait et de cela le renart était très fier.

Il ne l'invita pas tout de suite à s'asseoir, ce n'est pas lui qu'il recevait en premier et de surcroit, il recevait une dame.
Son regard se fit immédiatement scrutateur.
Le renart apparaissait comme à son habitude, pâle et à l'air fragile et maladif.
Ses yeux quand à eux d'un bleu métalliques avaient revêtu la passable indifférence qui les caractérisait et le fond de sévérité qui indiquaient une facilité à juger des personnes.

Grande et droite, raide et forte, le rapport de force physique était au désavantage du renart. Cependant, il était celui qui déciderait du recrutement de la postulante et de ce fait, le rapport de force moral était à son avantage à lui.

Il fit quelques pas, se rapprochant, passant au passage une main sur l’épaule de Gabriel et s’arrêta devant le maitre d'armes.

- le bonjour. Je suis Severin de Volvent, intendant de Montpipeau et en charge de l'éducation des enfants de la famille. Soyez la bienvenue.

Enfin il avisa des sièges d'un geste qui invitait a prendre place et ne s'assit à son tour que lorsque tous furent installés.
Il commanda a Maturin quelque rafraichissement et sans détour plongea son regard pénétrant dans celui de la jeune femme, prêt a l'écouter.

La Grande blonde se racla la gorge, elle la trouvait soudain fort sèche, puis elle entreprit de prendre la parole.

Je suis Aliendra. Ravie de vous rencontrer Sir intendant, et merci pour vostre accueil.

Elle ne continua pas plus avant, on lui proposa de s’asseoir, ce qu'elle fit, retenant de justesse un soupire d'aise quand elle fut confortablement installée dans le fauteuil. Elle vit du coin de l'oeil le Valet disparaître, et son attention revenant vers le Sir de Volvent, elle reprit la parole.

Sir de Volvent, vous le savez, je viens ici pour le poste de Maistre d'arme. Je me doute que vous avez besoin d'en savoir plus a mon sujet avant de me confier les enfants.

Et hop, elle croise les gambettes, laissant probablement un peu trop voir ses bottes boueuses, mais qu'importe, elle continua sans broncher.

Je ne vous le cacherais pas, je suis mercenaire. J'ai un penchant pour les escortes, mais rassurez vous, jamais je ne brigande. Par contre, les brigands, je les ... ~ Empale..! Non... il va pas aimer, il faut quelque chose de moins sanglant... ~ Chasse bien volontiers.

Elle ne le quittait pas des yeux, essayant de connaitre ses sentiments au fur & a mesure qu'elle parlait, ses orageuses essayaient de deviner... Pas facile, l'homme était un vrai mur, totalement impassible...
Cependant cela ne l'arrêta guère, ainsi la voix chaude de la normande se fit-elle de nouveau entendre dans la pièce.

Sachez le, j'ai combattu, probablement plus que de raison, ce qui fait de moi quelqu'un d’exigeant en matière d'obéissance et de travail. On ne survit pas au maniement des armes sans être d'une rigueur absolue. Je n'ai pas l'intention d'être un tyran, mais le sérieux dans l'entrainement n'est pas discutable...

Aliendra s'arrêta là, elle esquissa un sourire amusée se demandant ce qu'il en dirait.

Gabriel sourit au passage de la main de son Oncle sur son épaule et attendit qu'Aliendra soit assise pour s'assoire à son tour.

Il l'écoutait parlait et imaginait en même temps certaines scènes de batailles. Nulle doute que d'apprendre à son contact lui ferait énormement de bien aussi bien physique que mentalement. Elle serait sans doute aussi exigente que pouvait l'être sa mêre quand il s'agissait de l'entrainement...Son esprit se surprit a se rapeler d'un souvenir, lui et sa mère dans la petite clairiere de la foret de sémur. Le soleil qui se lève, la besace remplit d'une gourde d'eau fraiche et quelques fruits et la serpe dont elle se servait pour cueillir ses plantes après l'entrainement.
Il avait déjà son petit baton à l'époque et il aimait avant tout regarder. Sa mère, elle dansait quand elle s'entrainait, le baton volait dans les airs parfois si rapide qu'il ne le voyait plus. Puis elle s'arretait, le regardait et le faisait se battre avec elle. D'abord des petits mouvements pour s'échauffer et ensuite la fameuse danse. Elle faisait, il mimait.
Cette danse, il la faisait tout les jours et avait lui même augmenter le rythme et s'était inventer d'autres excercices de souplesse et d'agilité.

Citation :

Sachez le, j'ai combattu, probablement plus que de raison, ce qui fait de moi quelqu'un d’exigeant en matière d'obéissance et de travail. On ne survit pas au maniement des armes sans être d'une rigueur absolue. Je n'ai pas l'intention d'être un tyran, mais le sérieux dans l'entrainement n'est pas discutable

Il revient dans la pièce et regarda son Oncle, si cela n tenait qu'a lui, il l'engagerait bien de suite cette femme.

Leur regards couleur metallique se croisèrent et Séverin lui demanda de s'exprimer...

Citation :

Comme vous le savez sans doute déjà, Gabriel est amené a recevoir un enseignement au maniement des armes. C'est l'aîné des enfants dont j'ai la charge de l'éducation aussi son opinion m'est importante. C'est pourquoi j'ai tenu à ce qu'il assiste à cet entretien. A présent que je me suis quelque peu exprimé, j'aimerai qu'il le fasse à son tour, aussi pourrai je me faire une idée de l'impression que vous lui avez donné. Je me fie toujours aux premières impressions...

Bigre, on lui avait pas dit que lui aussi passerait l'entretien. Regard à son Oncle puis à Aliendra avant de répondre d'une voix qu'il voulait la plus posée possible :

Et bien si mon opinion compte, elle est la suivante : Dame Aliendra semble avoir la carrure et le charisme nécessaire à ce poste. Pour avoir vu ma mère se battre à l'entrainement, je ne doute pas que Maistre Aliendra reussira très bien ce pourquoi vous souhaiter l'engager.

Petite pause...Regard à la dame puis son Oncle avant de reprendre

je me demandais juste si maistre Aliendra maitrisait l'utilisation des griffes..Vous les avez toujours mon Oncle?

Comment ça tétu et obstiné par ces armes là spécifiquement??? Si peu....

La Normande jeta un regard au valet de retour, elle accepta avec un sourire le verre proposait, la route l'ayant littéralement assoiffée. Entourant le godet de ses mains fines mais usées a force de maniement & d'hiver trop longtemps passé dans le froid.
Elle apprécia le contact du liquide pourpre sur sa langue, elle manqua de la faire claquer d'approbation mais se retient de nouveau & de justesse. Gardant son verre entre ses mains, les avant-bras posés sur ses genoux, dans une attitude d'apparence détendue, la trentenaire laissa glisser son regard dans la pièce.
Non, elle ne releva le regard de défit lancé par le gestionnaire des lieux, elle n'avait pas l'intention de jouer au plus fort avec le plus fin. Car des deux, il était sans conteste le plus avisé.

Aliendra esquissa un léger sourire, a peine un coin de lèvres qui se soulève a l'écoute du commentaire de l'intendant, elle pensait qu'il n'était pas loin de l'accepter dans la maison, mais que la retenue & la réflexion le retenait, alors il prit conseil, enfin conseil... Il fit plutôt habilement jouer son talent pour faire parler le jeune garçon & lui donner l'illusion d'une participation a la décision, même si la blonde était persuadée que la décision était d'ors & déjà prise pour le sir de Volvent.

Mais les pupilles d'orages de la blonde ne purent s'empêcher de fixer avec intérêt le jeune garçon qui serait bientôt son élève, il s'exprima de façon claire, sûr de lui. Un sourire s'étira sur les carmines. Elle l'aimait bien ce gosse, enfin, jusqu'à ce qu'il pose une foutue question...
& là, c'est le drame...
La voila qui fronce les sourcils, et qui toise le gamin d'une curieuse façon.

Les griffes? C'est là généralement une arme d'assassin... Une moue dédaigneuse s'afficha, elle en reniflerait presque si elle n'était pas une présence de "De". Je n'utilise pas cela, mon épée me suffit & a plus forte raison, mes poings.

Elle n'en dit guère plus, ce n'était pas une arme qu'elle appréciait, elle la trouvait sans grâce, elle déchirait les chairs de façon ignoble et tout a fait indélicate. Pour Aliendra, le maniement des armes était un art, dans tout les sens du terme, et l'art invoque la beauté du geste. La finesse d'un coup d'estoc n'est vraiment pas comparable a la griffure mordante de cette arme de poing.

Citation :

Les griffes? C'est là généralement une arme d'assassin

Le renardeau n'entendit que cette partie là de la phrase, ne tenant plus compte du reste. Si la déception passa sur son visage, une autre émotion apparue presque aussitot. Assassin, ce mot le révulsait! C'était des assasins qui avaient tués sa mère, et non sa mère qui en était une!! Comment cette femme osait elle inssinuer une pareille chose! Si sa mère les utilisait c'est qu'elle y trouvait un interet forcement et elle était soldate elle ne pouvait que les utiliser à bon escient!!!

Il est vrai que le renardeau n'avait pas eu forcement connaissance du passé trouble de sa mère et elle n'avait jamais voulu vraiment parlé de la marque au fer qu'on lui avait fait sur la poitrine. Elle lui avait dit qu'un jour il saurait mais plus grand...et elle était morte.

Aussi, se contenant avec peine, il réussit à dire, le regard noir de colere et d'indigniation sans élever la voix pour autant :

Ma mère..n'était pas...une assassin! C'était un sergent de l'Ost! Dites lui mon Oncle, qu'elle fait erreur!
La dernière phrase ressemblait davantage à une supplique quà une affirmation.

Le renart Hocha la tête.
Il sut qu'il saurait s'entendre avec la nouvelle arrivante.
Ses conditions n'étaient pas exagérées.
Rien de bien fantaisiste somme toute.
Il apprécia cela.

Il regarda Gabriel, le jeune garçon s'était il remis de ses émotions?
Il avait d'abord pensé à le libérer, le laisser aller se retrouver dans la cour, respirer, se changer les idées.
Mais le but était également de responsabiliser l'enfant qui déjà sortait de l'enfance et entrait dans le monde des adultes.
Il occupait déja une charge ducale ce qui était une grande responsabilité puisque le Duc était l'homme qui leur avait à tous donné une chance.

Il inspira et poursuivit posément.

- Bien. cela me semble correct.

Il posa la main a plat sur le bois froid de la table et continua.

- Laissez moi vous entretenir de vos futurs disciples. Les enfants de Montpipeau sont au nombre de quatre. Nous comptons deux garçons et deux filles.
Gabriel est le plus âgé de tous. Il se destine au métier des armes et va se trouver intégré aux lames d'amahir dont vous aurez l'occasion d'entendre parler. Ce sera j'en suis convaincu le plus assidu de vos élèves et je lui laisse le soin lui même de vous formuler ses ambitions et attentes.
Charles Louis est à peine âgé de 8 ans mais en tout bon garçon de bonne famille, j'escompte qu'il soit formé aux rudiments de la monte, au maniement des armes, à la chasse et à l'observation de la nature. Nous discuterons des disciplines que vous pourrez enseigner ainsi que du programme dans le quel cela sera fait.

Il marqua une pause.

- Quand au jeunes filles, nous avons Prudence, qui a exprimé le souhait d'apprendre a monter et à tirer à l'arc et la toute jeune Améllia, benjamine du groupe qui je le crois ne vous sera confiée que pour des exercices de monte tres rudimentaires, et l'observation de la nature.
Ces enfants ont tous leur place et sont tous traités sur un pied d'égalité indépendamment de leur origine.
J'escompte donc une impartialité dans les traitements. Ce n'est pas parce que vous traiterez mieux un Volvent qu'une Giffard que votre solde s'en trouvera gonflée. Au contraire.

Il scruta la jeune femme.

- Avez vous des questions jusqu'ici ?

Le renart hocha la tête.
Aucune questions cela l'étonnait, mais il n'en montra rien.

- Bien. Vous serez logée dans une chambrine au quartier des gens de maison, vous prendrez vos repas avec la mesnie et vous serez gratifiée d'une solde de 100 ecus la semaine pour un premier temps. Selon notre satisfaction, une prime par tête d'enfant vous sera accordée.

Il regarda Gabriel avec compassion.

- Gabriel, allez donc chercher Charles, nous faisons visiter les installations a Maître Aliendra.

Il donna ainsi congé a l'enfant.

- Rejoignez nous ici, nous visiterons les écuries et la future salle d'armes.

Il attendit que Gabriel fut sorti et regarda a nouveau Aliendra.

- Les enfants qui vivent ici ont tous une histoire pour le moins dure. Il convient de les traiter au mieux afin qu'il se sentent à leur aise.

Il soupira.

- Gabriel a perdu ses deux parents au cours d'une attaque de brigands. Il en garde un traumatisme qui tend a s'atténuer. Charles que vous rencontrerez a perdu son père et sa mère est introuvable a l'heure qu'il est nul ne sait ou elle se trouve. Il a pratiquement grandi auprès de sa grand tante Della.
Améllia et Prudence sont toutes deux confiées aux bon soins du duc et de la duchesse et portent en elles la blessure de l’éloignement de leurs parents.

Il passa la main sur le bois de la table.

- soyez ferme, mais soyez partiale, attentionnée et juste.

Il se radoucit.

- Bienvenue a Montpipeau. Lorsque le duc aura un peu de temps, vous lui serez présentée. Il accorde une importance toute particulière à l'épanouissement des enfants de sa maison.

Il tapota doucement.

- Sommes nous d'accord ?

Ils scelleraient l'embauche du maître d'armes avant de faire le tour du propriétaire en compagnie des deux garçons.

Gabriel était venu chercher Charles. Il devait rencontrer le maitre d'arme. Charles était impatient d'aprendre à manier l'épée. Il lui revient en mémoire son jeune age lorsqu'il combatait des énemis imaginaires avec son épée en bois. Mais là les choses étaient bien réelles et concrètes, il allait apprendre à manier l'épée, pour devenir plus tard un vrain guerrier, un grand guerrier.

Ils arrivérent enfin tous les deux à la salle. Le jeune garçon salua le maître d'arme ainsi que Severin.

Le bonjour Dame ; Severin.

La normande acquiesça, la solde avait atteint un prix qui allait au delà de ses espérances, elle regarda gabriel partir, & alors que sa bouche s’entrouvrait pour une question a propos du garçon, le Volvent lui coupa l'herbe sous le pied.
Une ribambelle d'enfants aux histoires dures, hmm... Voila qui allait faire marcher la maistre d'arme sur des oeufs.

Je serais indulgente... Mais je ne lui apprendrais pas le maniement des griffes...

& a ce sujet elle serait inflexible, son ton le disait d'ors & déjà. Alors ils purent sceller leur accord.

Je serais comme il vous siéra, du moins, j'essayerais. Aliendra savait se plier aux volontés, elle avait bien sur des limites dans l'obéissance, mais pour la formation d'enfants, elle savait nécessaire d'être en accord avec ce que voulait les parents, ou du moins, les tuteurs légaux.
Sa tête blonde se tourna, la porte s'ouvrant sur deux enfants. L'un qu'elle connaissait déjà, évidemment Gabriel, & l'autre qui les salua.

Bonjour, dit-elle simplement. Je suis Aliendra. Enchantée.

Le renart sourit et se leva pour se diriger vers l'enfant.

- Charles ! Vous voici déjà.

Il posa une main sur son épaule.

- Maitre Aliendra sera votre nouveau Maitre d'armes. C'est elle qui vous enseignera le maniement de l'épée et la monte à cheval comme vous le désiriez.

Il sourit.

- Voyez comme ces enfants savent déjà ce qu'il veulent...

Il fit un signe de tête a Gabriel puis continua.

- Eh bien si vous le voulez bien nous allons visiter la Basse Cour*, nous y trouverons les écuries et votre espace d'entrainement pres de la lice...

Il lui fit signe de le précéder pour passer la porte.


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