Un cheval pour l'Espiègle

Kal il te faut un cheval !

Comme si ça se trouvait sous le sabot d'un... hum mauvais exemple...

Ayant du temps à tuer, à défaut de brigands, L'Espiègle se décida enfin à rejoindre les écuries princières pour admirer les équidés.

Les lieux étaient silencieux. Une odeur familière de fourrage chatouilla ses narines, la ramenant des années en arrière alors qu'elle aidait son père à s'occuper de ses deux chevaux.
S'avançant dans l'allée, elle découvrit des box vides. Retenant un soupir de déception elle traversa le bâtiment pour rejoindre la prairie et les trouva en train de paître tranquillement, profitant de l'herbe tendre du printemps.

Kalderah escalada la barrière et s'assit dessus une herbe longue à la bouche pour admirer les montures, observant leur comportement, leur allure.

Afin de préparer les joutes à venir de Paris, organisées en l'honneur de l'anniversaire du Roy, le Prince avait décidé de se rendre aux écuries afin de s'entretenir avec les palefreniers, et peut-être avec Feodor, au sujet de la santé et de la forme de ses chevaux.
La belle saison étant arrivée, les montures avaient gagné les enclos depuis tôt le matin, pour la journée, afin qu'elle puissent s'ébattre et profiter d'un peu de liberté. Les discussions avec les soigneurs rassurèrent Lexhor quant à la bonne santé de son cheptel et de la nouvelle génération qui s'annonçait prometteuse. Il n'avait pas vu encore Feodor, peut-être que celui-ci passerait par là.

Mais on lui apprit qu'une jeune femme observait les chevaux depuis un petit moment, assise sur la barrière de l'enclos. La description qui lui fut faite acheva de confirmer son idée sur l'identité de son invité surprise. A son tour il se dirigea vers les enclos, songeant que ce serait le bon moment pour trouver une monture pour Kalderah, qui avait sans doute cette idée en tête en venant faire du repérage. Il l'aperçu, au loin, et s'en approcha doucement. Arrivé auprès d'elle il s'accouda à la barrière.

Ils sont beaux, n'est-ce pas ? En as-tu repéré un qui te plaît ?

Une voix familière tira la jeune femme de sa rêverie.

Voui ils sont magnifiques et ils me plaisent tous ! Tu me fais un prix pour le lot ?

Le sourire espiègle aux lèvres elle descendit de son perchoir pour s'accouder aux côtés de Lexhor.

Je ne m'y connais pas grand chose en race. Je pense qu'un cheval impétueux me correspondrait, surtout pas un placide et docile. Une monture pas trop imposante vu mon gabarit. Montrant un cheval un peu à l'écart qu'elle avait repéré : Une robe blanche serait l'apothéose, mais là je frôle l'indécence. Petit rire.

Posant ses grands yeux sombres interrogateurs sur le Prince.

Un peu d'aide me serait précieuse Altesse.

Toujours dans la mesure et le sérieux, la jeune brune était fidèle à elle-même. Même si elle se découvrait peu à peu et se livrait partiellement à lui, il n'était toujours pas parvenu à cerner la personnalité de la dernière recrue. Elle mettait pour cela beaucoup d'application à souffler le chaud puis le froid, à tenir des discours interprétables de différentes façons et à continuellement sembler se jouer de tout. Cette apparente légèreté n'était, le Prince en était convaincu, qu'une armure dans laquelle elle aimait à se réfugier pour se protéger du monde et de son environnement. Un léger sourire s'afficha sur le visage de Lexhor, accompagné d'une moue perplexe.

Altesse. Quel chaleureux qualificatif. Nous sommes au sein d'un haras, seuls. Le protocole n'est pas de mise ici. Hochement de tête de droite à gauche. M'enfin tu le sais déjà, inutile de le rappeler. Nul doute qu'elle tentait, une fois de plus, de le piquer au vif en usant de ce prédicat mondain.

Reportant son attention sur le cheval qu'elle venait de lui désigner, il hocha la tête et l'observa quelques instants. Un étalon originaire du Portugal, issu de la même lignée que le sien. Une monture de choix que ce pure sang dont l'indécence ne se situait pas dans la couleur de la robe mais dans le prix. Mais cet élément, le Prince se garda bien de le mentionner à la jeune femme.

Bon choix. C'est un lusitanien, une jument portugaise. Tu t'apercevras que sa robe est plutôt d'un gris très clair que d'un blanc immaculé. Mais elle y tendra avec l'âge. C'est une monture complète et fiable. Si elle te convient, je chargerai Feodor de la préparer et de te la présenter. Il faudra beaucoup travailler avec elle pour qu'elle t'accepte. Elle n'est pas encore débourrée et elle est donc fougueuse et un peu craintive. Il va te falloir l'apprivoiser. Léger sourire. Comme je vais devoir le faire avec toi.

Il tourna la tête afin de planter ses yeux bruns dans ceux de Kalderah.

Elle s'appelle Windfola. Il te faudra en prendre grand soin. Elle comptera parmi tes plus précieux amis et alliés. Elle pourrait te tirer de beaucoup de mauvaises situations et participer à tes succès.

Il lui adressa un chaleureux sourire.

La recrue écouta attentivement les explications du Prince, apprenant l'origine de la jument et son caractère. Elle était chaque fois étonnée de la simplicité avec laquelle Lexhor lui présentait les choses. Avec un naturel non feint il lui mettait à disposition un cheval que seuls ses rêves les plus audacieux avaient osé imaginé.

Une monture fougueuse et craintive, la jeune femme sourit doucement : elles étaient faites pour s'entendre. Son sourire se fit plus malicieux quand il fut mention de se faire apprivoiser. Elle protégeait farouchement son jardin privé et ses mystères, mais elle gageait qu'elle n'était pas la seule à ce petit jeu, et elle soutint le regard du Prince, les yeux pétillants, répétant le nom de la jument :

Windfola, très beau nom. Elle est presque aussi magnifique que moi... sourire espiègle... enfin non elle est magnifique tout simplement.
J'en prendrais soin comme de ma propre vie. Elle regarda à nouveau l'animal avant de reprendre :

Et puisque nous sommes seuls, à l'écart de toute mondanité :

Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue : merci Lex

S'écartant pour ne pas plus le gêner, elle s'accouda à nouveau à la barrière et reporta son attention sur les chevaux.

Et avec lequel tu vas jouter ?

Certainement avec un cinq Lys, impulsif, impatient mais courageux et fougueux.

Il venait de faire une petite description d'Arod Stewart, frison princier, étalon noir ébène en venant se joindre à eux. Inutile de préciser qu'il arborait un léger sourire, espiègle ou malicieux pour certains, état d'un bonheur nuptial affirmé pour d'autres. Il se tairait bien sur concernant la marque de tendresse de Kalderah mettant ainsi ses défenses en berne. Quoi que un jour peut être ... !!!

Arrivé à leur hauteur.

Et bien, mes hommages. On m'a informé d'une visite et j'en espérais pas deux. Je suis heureux de vous voir ici.

Un regard sur le cheptel

Il commence à avoir fier allure, n'est-ce pas ?

Kalderah était réceptive à ses propos et à ses explications. Son choix semblait déjà arrêté sur la jument qui évoluait devant eux, parmi ses congénères.
L'enthousiasme de la brune réjouit le Prince qui s'amusa également de l'auto-compliment dont elle se gratifia. Bien qu'elle soit coutumière de ce genre d'humour, la façon qu'elle avait d'en faire preuve produisait toujours le même effet. Sans doute que la pointe de malice et de mystère qui animait son regard n'y était pas étranger non plus. Sans parler de sa capacité à le surprendre, en lui baisant la joue avec un naturel étonnant, puis en reprenant le fil de la conversation comme si de rien n'était.
Lexhor était sur le point de s'en amuser et de répondre à la jeune femme, quand s'approcha le loup dont il avait été question quelques instants auparavant. L'homme de la situation, celui qui murmurait à l'oreille des chevaux. Un sourire et un léger signe de tête furent adressés à Feosor lorsqu'il fut à leur hauteur.

Dieu te garde Feodor.

Puis, sourire aux lèvres.

Oui, il n'y a pas de mauvaise monture en leur sein. Espérons que les promesses qu'ils suggèrent seront tenues.

Nouveau sourire, rêveur celui-là.

Je ne vais pas monter Arod lors des joutes royales à venir. Mais Swan, la jument que m'a offerte Ellesya et qui désormais m'accepte très bien. J'ai peu jouté encore avec elle, mais elle se comporte très bien. Elle a le caractère que j'aime chez les frisons.

Son regard balaya les chevaux qui se baladaient tranquillement dans le pré, puis il s'arrêta sur la jument en question, qu'il désigna du doigt.