Un goûter avec Franceska

Ils étaient maintenant arrivés au château. Le Duc fit préparer rapidement le petit salon et commanda tisane et petits gâteaux. Il invita ensuite Franceska à s'installer confortablement dans un fauteuil.
Il purent alors se rendre compte que la pluie s'était mise à tomber drue. Ceci tira un sourire à Lexhor.

Et bien, juste à temps! Une petite collation nous fera du bien. Il se cala au fond de son fauteuil, face à la jeune femme.

Et bien et bien, parlez-moi donc un peu de vous que nous fassions plus ample connaissance. Comment vous êtes-vous retrouvée éprise d'un jeune écuyer orléanais?

Il leur en aura fallut de peu pour échapper à la pluie diluvienne qui tombait en masse à présent.
Pénétrant dans le petit salon, la Rousse, sans même faire attention à l'agencement de ce dernier, s'était sitôt dirigée vers l'une des fenêtres de la pièce. Regard posé sur le ciel pluvieux, elle observait l'averse s'abbatre sur le pavé et venir doucement claquer sur les vitres, rêvant d'un temps futur, le transposant sur les décors du passé.
Brève rêverie prenant fin lorsqu'elle se fit inviter à prendre place dans l'un des fauteuils qui ornaient la salle. S'en retournant, avançant de quelques pas, elle prit place assise, esquissant un sourire, se languissant de voir arriver la tisane qui avaient été commandé et les petits gâteaux qui accompagneraient le breuvage. Sa faim ne s'était en rien appaisée, la marche pour venir jusqu'ici lui ayant encore plus creuser l'estomac.

A l'écoute du Duc et de ses dires, elle s'installa confortablement, posant les coudes sur les accoudoirs du fauteuil, croisant les jambes, avant de répondre à la question qui venait de lui être posée.
Quel curieux ce Duc...

Qu'est ce qui a fait que je me retrouve prise de passion pour Keridil ? Et bien... tout un tas de choses...

La Rousse allait commencer par le début.

J'ai fait la connaissance de Kéridil alors que celui-ci se trouvait en déplacement en compagnie de votre épouse me senble-t-il. Ils avaient fait halte à Moulins. A cette époque, je tenais "Les Ailes"...occupant à la fois le poste de Tribun. Kéri est alors entré dans la taverne et a su se montrer des plus courtois.
Nombreux sont les hommes qui me porte de l'intérêt mais avec Keridil s'était différent. Il avait eu cette manière bien particulière de m'aborder. Je me souviens ensuite qu'il dû quitter Moulins le soir même et à ma plus grande surprise, quelques jours après cette rencontre, j'ai reçu missive de sa part, dans laquelle il m'apportait de ses nouvelles espérant que je ne l'ai point oublié... Comment aurai-je pu ?...

Franceska s'interrompit alors brièvement, laissant naître sur ses lèvres doux sourire, se remémorant ces instants.

Et puis s'en est suivi une réponse de ma part et ensuite une correspondance régulière, jusqu'à cette fameuse lettre me demandant d'être sa cavalière pour vos épousailles. A partir de ce moment nous ne nous sommes pour ainsi dire plus quittés et doucement nous avons appris à nous connaître. Chaque jours passant, je l'appréciais plus encore, lui, sa personnalité, ses gestes, ses attentions à mon égard... Il a tout pour plaire, bel homme qui plus est ... Comment ne pas tomber sous le charme ?

Saphirs se posant sur Lexhor, elle sentit le rose lui monter aux joues d'avoir fait telle confidence.
Etrange cette facilité qu'elle avait à se confier de la sorte à quelqu'un qu'elle connaissait à peine, mais pourtant, elle se sentait plutôt à l'aise en conversant.

J'espère avoir répondu à votre question votre Grâce...

Ne sachant que trop quoi ajouter, elle posa son regard sur le plateau qui au cours de la discussion avait été apporté, glissa ses doigts sur l'anse de l'une des tasses qui avaient été servies, la portant délicatement en bouche, soufflant doucement sur le liquide qu'elle contenait, afin de le reffroidir quelque peu afin de n'avoir pas à se brûler. De ses chaudes décoctions, toujours elle se méfiait.

Assis dans son fauteuil il regarda un instant par la fenêtre la pluie s'abattre au dehors. Le bruit était somme toute apaisant et la sensation de douillette d'être à l'abri l'était tout autant. Il tourna sa tisane de sa cuillère pour la refroidi, tout en écoutant Franceska, acquiesçant par moment de la tête.

La vie nous réserve parfois des surprises. une journée banale peut en quelques secondes devenir exceptionnelle et inoubliable. C'est une belle histoire que la votre.

Il se tut un instant, prenant sa tasse et soufflant dessus avant de boire une gorgée. Toujours la tasse à la main il se saisit d'un petit biscuit. regardant son invité il l'incita naturellement à l'imiter.

Servez-vous je vous en prit.

Il se redressa dans son fauteuil, croqua un bout du gâteau avant de poursuivre.

Vous êtes donc auvergnate de naissance? Et bien et bien, vous avez donc à coup sûr un caractère bien trempé! On ne s'ennuie jamais avec les femme de cette province.

Un léger rire lui échappa. M'enfin tout ça était bien vrai...

Après avoir avalé quelques gorgées de sa tisane avec précaution, elle reposa cette dernière sur la petite table, plongeant ensuite sa main dans l'assiette de biscuits.

Je vous remercie...

Remerciement auquel se joignit un sourire à l'intention de son hôte.

De moitié elle trempa le biscuit dans la décoction - qui soit dit en passant, était agréable en bouche, n'ayant rien de commun avec ces quelques infusions qu'elle avait jadis pu ingurgiter dans certaines auberges ou tavernes - avant d'en arracher un morceau et de déposer ce qui lui en restait dans la soucoupe sur laquelle elle avait posé quelques secondes avant sa tasse.

Elle avait largement sourit à la nouvelle question posée, fixant avec attention Lexhor. Elle... Une auvergnate de naissance ? Il n'en était rien...
La Rousse avait cependant vu le jour non loin, dans un Duché voisin et le fait qu'elle ne soit en rien native d'Auvergne ne changeait rien au fait qu'elle eut du caractère. Car du caractère, Franceska en disposait à n'en point douter.
Un caractère qu'elle avait d'ailleurs vu affublé de divers qualificatifs : conciliant ou intraitable, gai ou maussade, doux ou colérique...
Et ne pas oublier.. le fameux caractère de chien ou de cochon à l'occasion... Si ! si !... Elle pouvait se montrer têtue parfois.

Terminant sa bouchée, elle apporta réponse.

Auvergnate je suis devenue et ces terres comptent bien plus que n'importe quelles autres à mes yeux. L'auvergne fut pour moi la meilleure terre d'accueil que j'eus la chance de connaître... C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai fait le choix de m'y installer de manière définitive, à un moment ou ma vie n'avait en rien à être enviée...

Reprenant une petite gorgée de sa tisane pour finir de faire passer la dernière bouchée qu'elle avait avalée, elle poursuivit gardant tasse en main.

Je suis née non loin, dans le Duché voisin, en Limousin. Duché que j'ai rapidement quitté, entreprenant nombreux voyages en la compagnie de quelques rencontres faites sur les chemins. Ces voyages ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui, ils ont formés ma jeunesse et mon caractère à la fois. Un caractère qui, je ne vous le cacherez pas, fait l'objet d'éloges autant que de blâmes. Il peut être mauvais comme il peut être d'or... Et bien que n'étant pas de cette province, je peux vous assurer qu'en ma compagnie on ne s'ennuie jamais...

Sourire sur le coin des lèvres, elle s'empressa de terminer le morceau du petit gâteau dans lequel elle avait auparavant croqué.

Il hochait la tête en souriant. Il était heureux d'en apprendre plus sur son invité. Il grignota quelques gâteaux et bu la moitié de sa tisane. L'ambiance était détendue.

Dites moi, quelle a été votre ville d'adoption? Vous le savez peut-être, mon épouse vient de Bourbon. Vous la connaissiez peut-être un peu?

Excusez mes questions mais je suis toujours curieux de mieux connaitre les gens que j'apprécie. Les parcours des uns et des autres sont des trésors d'aventures et nous permettent de mieux comprendre les personnes à qui on a à faire.

Un sourire et il retourne à sa tisane, accompagnée d'un gâteau.

La pluie, au dehors, s'était mise à tomber dru, laissant entendre bruit sourd à l'oreille. Yeux une fois de plus rivés sur la fenêtre, elle avait un bref instant oublié la compagnie du Duc, se perdant dans un de ses songes, obsevant les gouttes d'eaux martelant les grands carreaux du château. Il faisait si mauvais dehors et si bon au dedans, dans cette pièce où elle se trouvait.

Puis un mot suivi d'un autre, une phrase pour la faire revenir à la réalité.
La conversation reprennait son cours, continuant d'aller bon train, avec un Duc qui posait les questions et une rousse qui répondait avec amusement.

S'enfonçant dans le grand fauteuil où elle avait prit place depuis son arrivée, laissant retomber ses épaules, elle repensa alors à Moulins, endroit même où elle se sentait parfaitement à l'aise, où elle s'était sentie comme chez elle dès les premiers instants.
Regard se posant sur ses mains, elle les joignit, entremêlant les uns aux autres ses doigts fins. Après quoi, elle releva les yeux pour venir figer ses prunelles sur Lexhor.

Moulins... Voilà quelle est ma ville d'adoption. Cette ville est devenue, au fil du temps, l'amour de mes pensées...elle a su me captiver et ses habitants tout autant. Elle a su me redonner l'espoir que je pensais avoir perdu à jamais, me permettant d'écrire encore quelques belles pages de mon histoire. Depuis que j'ai foulé cette terre, il ne m'est arrivée que choses bienfaisantes.
Quant à Naluria... Je n'ai pas eu la chance de la rencontrer avant d'avoir connu Keridil. Je suis restée longtemps sans entreprendre quelconque déplacement. Si je me rapelle bien, le premier que j'eu fait après m'être installée était en compagnie de Keridil lorsqu'il m'a fait découvrir l'orléannais...

Tant de souvenirs qui soudain remontaient à la surface... son départ de Limoges... son premier amour, ses premières grandes déceptions, tout ce qu'elle avait fuit auparavant s'évertuant à tenter d'oublier, mais sans jamais y parvenir vraiment...

Nouveau sourire qu'elle afficha en entendant le Duc s'excuser d'en vouloir trop savoir se justifiant de le faire pour intérêt qu'il lui portait. La Rousse n'avait de toute façon rien à cacher et autant de question qu'il le souhaiterait il pourrait lui poser.

Je vous en prie... Il va de soit de vouloir connaître mieux les gens que l'on est amené à cottoyer et c'est la honneur pour moi que d'avoir à vous conter quelque peu ma vie passé vous apportant ainsi renseignements sur ma personne... je n'ai jamais rien tenue caché à quiconque...Alor si l'envie vous en dit... j'attends la prochaine question.

Léger rire s'était mit à retentir dans le petit salon. Le Duc allait il pousser plus loin sa curiosité ? A présent elle attendait...

Alors que la pluie battait son plein au dehors, la discussion se poursuivait entre le Duc et celle qui avait ravit le coeur de son petit Kéridil, enfin, de celui de sa femme plutôt mais elle partageait volontiers. Alors qu'il écoutait la réponse de la jeune femme, Lexhor fit resservir de la tisane. Elle réchauffait le corps et sa douceur apaisait la bouche des légers picotements provoqués par le sucre.
Il se redressa, adressa un sourire à son invité qui lui racontait ses premiers pas en Auvergne.

Le Bourbonais est une vaste terre. Je ne suis pas surpris que vous n'ayez jamais rencontré Naluria. Mais sait-on jamais, ne dit-on pas que le monde est petit? Elle vient pourtant d'une ville très proche de Moulins. Bourbon. Elle est encore, et sera toujours je l'espère, attachée à son duché. Je le suis également, bien que je n'y sois que très peu allé. C'est pour le moment un regret et j'espère bien remédier à ça. Nous aurons peut-être l'occasion de nous voir également en Auvergne qui sait?

Il sourit à l'évocation de cette possibilité. La jeune femme, il le sentait, avait encore des choses à dévoiler. Nulle doute que sa vie, bien qu'encore courte, devait déjà être déjà bien remplie.

Sourire partagé à l'idée qu'ils puissent un jour, éventuellement, être amené à se rencontrer en Auvergne. Excellente serait l'idée, mais encore faudrait-il que la Rousse s'y trouve au même moment, elle qui a adopté facheuse manie, ne tenant pas en place plus de deux à trois jours en un même lieux. L'avenir, sûrement le leur dirait tôt ou tard... Et comme il avait su parfaitement le rappeler, petit est le Monde. Tout le monde s'est dit ça au moins un jour et certainement même plus d'une fois au cours de sa vie. Le Monde l'est d'ailleurs tellement à ses yeux parfois qu'elle serait tenté de remplacer le hasard par le destin...

Peut-être en effet... personne ne peut dire de quoi demain sera fait.. Aujourd'hui ici et demain...

La Rousse effectua un léger haussement d'épaules.

Occasion de nous rencontrer, du moins j'ose l'espérer, nous sera toujours donnée... en Auvergne, ici même ou bien encore ailleurs...
Quoi qu'il advienne je me ferais un plaisir de venir vous visiter, votre épouse et vous, tout comme Keridil qui restera, et ce peu importe le choix que nous serons amenés à prendre tout deux, cher en mon coeur.

Déliant ses doigts, elle se pencha vers la table refermant une main sur la tasse qui venait de lui être reservie et sans prendre le temps cette fois de souffler sur le dessus en avala une gorgée qui une fois ingurgitée lui fit ouvrir de grand yeux et apposer main devant la bouche.

Bon sang !... Comment ai-je pu oublier que se serait si chaud ?!

Si elle eut été seule, elle aurait très certainement poussé un cri avant de se mettre à pester et enfin tirer la langue.
Regard se posant sur le Duc, elle se retint pourtant et secoua doucement sa main libre devant ses lèvres comme pour tenter d'appaiser la douleur, bien qu'impossible ainsi, et se mordillant discrètement la langue elle aussi endolorie par le liquide trop chaud. Une solution pour la soulager alors...

Votre Grâce ? Serait-il possible que vous m'aidiez ?

La jeune femme répondit à nouveau à Lexhor qui en apprenait chaque fois plus sur Franceska. Il ne pouvait qu'acquiescer lorsqu'elle évoqua le fait qu'ils se retrouveraient, que ça soit en Auvergne ou bien en leur domaine. Il jeta un coup d'oeil à la fenêtre pour constater que la pluie s'était calmée. sa tasse dans sa main, il souffla sur la surface de la tisane pour la refroidir. Il tourna alors la tête à nouveau vers son invitée et la vit boire une gorgée du liquide bouillant machinalement. Les sourcils du duc se froncèrent et ses yeux s'écarquillèrent.

Ho!!

Il reposa rapidement sa tasse et se leva de son fauteuil, afin d'aider la jeune femme, à sa demande.

Oui oui bien sûr, que puis-je faire?

Sans trop réfléchir il attrapa une une cruche de lait qui avait été déposée à proximité pour accompagner la tisane s'ils le voulaient. Il la tendit à Franceska, dans l'espoir que le lait frais atténue la brûlure...

Il lui avait suffit d'un moment d'inattention, aussi infîme soit-il pour qu'il lui arrive petite misère.
Voilà ce qu'il advenait lorsque la Rousse ne prêtait que trop peu d'attention à ce qu'elle faisait... sans doute trop absorbé par la discussion ou par l'interlocuteur avec qui elle conversait.

Quelle étourdie faisait-elle ? Oublier de souffler sur sa tisane... elle qui d'ordinaire, tel l'enfant, aimait à s'amuser à souffler sur sa tisane pour faire naître d'evanescentes formes sur la surface chaude du breuvage...Quiconque aurait su cela aurait sûrement rit d'elle, mais de cela elle s'en moquait bien. Franceska agissait comme bon lui semblait et bien qu'acheminant de manière rapide vers sa vie de femme, elle entretenait avec soin et particularité sa personnalité et ses jardins secrets qui faisaient d'elle ce qu'elle était : mi-ange mi-démon, un corps de femme retenant encore parfois un coeur d'enfant...
Quelle sensation merveilleuse et étrange à la fois, comme un pan de mystère et de magie qu'elle s'évertuait à lover en elle pour qu'elle ne s'envole jamais.

Voyant le Duc quitter sa place pour s'approcher d'elle, elle posa de façon naturelle une main sur son avant bras lorsqu'elle le vit près à lui servir un peu de lait, relevant le menton pour le regarder, tout en continuant à secouer légèrement sa main devant sa bouche et se mordillant sa langue échaudée discrètement.

Du lait...

La rousse expira légèrement avant de reprendre.

C'est une idée... mais auriez-vous également un peu de sucre ?
Oh oui ! une bonne cuillère pleine de sucre...

En attendant de savoir s'il en disposait, elle retira des mains du Duc la crûche contenant le lait, jeta un bref coup d'oeil sur la table, sa tasse étant encore pleine de sa tisane impossible donc d'y verser la moindre goutte, la tasse du Duc... non elle n'oserait pas et elle ferait donc pis...
D'un mouvement vif elle porta la crûche à ses lèvres et avala deux à trois grandes gorgées de lait pour tenter de faire passer la douleur...cas de force majeur.

Lexhor était un peu paniqué, il ne savait trop que faire pour soulager Franceska. Il ne se rendait pas compte à quel point sa brûlure était importante. Visiblement le lait n'était pas ce qui convenait le mieux. Du sucre? Le Duc fronça les sourcils, assez étonné de cette demande. Regardant près de lui il aperçu le sucrier. Il attrapa la cuillère de Franceska et la remplie de sucre, alors que celle-ci buvait le lait directement à la cruche. Lorsqu'elle eut terminé il se pencha en avant, assis sur le bord de son siège et lui enfourna la cuillère de sucre dans la bouche puis se redressa.

Et ça va mieux avec le sucre?

Il regardait la jeune femme reprendre ses esprits.

Bien qu'occupée à vider la cruche de lait qu'elle tenait fermement entre ses mains, la Rousse n'avait cependant pas perdu une miette de ce qui se passait autour d'elle. Aussi avait-elle donc pu constater la mine quelque peu angoissée du Duc qui à présent s'emparait du sucrier qui était posé sur la table.

Lèvres dissumulées dans le pot au lait, elle souriait de le voir agir de la sorte. La Rousse en aurait presque rit. Il fallait dire aussi qu'elle prenait souvent plaisir à exagérer. Certes, elle l'avait senti passer la tisane... mais bon, elle avait connu pis surtout lorsqu'en douce, aux aurores, occupant alors une chambre chez ses amis Cris et Phoe, elle descendait rejoindre les fourneaux de ce dernier s'empressant de manger quelques tartelettes ou petits pains tout juste sorti du four.

Reposant le pot de lait presque vide de son contenu, elle observa Lexhor plongeant cuillère dans le sucrier. Qu'allait-il faire ?

Je vo...

Pas le temps de terminer ce qu'elle avait commencé à prononcer qu'elle vit le Duc se pencher vers elle lui fourrant sitôt la cuillère dans la bouche. Palsembleu !... après la brûlure voulait-il qu'elle s'étouffe ?
Posant la main sur la sienne qu'elle repoussa doucement, extirpant à la fois la cuillère de sa bouche, elle laissa le sucre venir se déposer sur sa langue et vint la plaquer tout contre son palais. Ahhhh !! Quel soulagement alors...

Hochement de la tête accompagné d'un tout léger sourire, elle fini par laisser s'échapper un soupir de soulagement et de bien-être.

Merci... Je ne connais rien de plus efficace que le sucre pour soulager une langue brûlée...

Franceska, laissant glisser sa salive imprégnée du sucre dans sa gorge repensait au froncement de sourcils effectué par le Duc un peu plus tôt, ce qu'elle comprenait. Du sucre pour soulager, c'était peu commun, mais tellement efficace. Il suffisait d'essayer pour connaître l'effet escompté.

Pensez-y si par malheureur vous vous brûliez...la langue bien entendu. Une bonne cuillérée de sucre que vous posez sur votre langue et ensuite pressez-la contre votre palais. Vous verrez vous serez instantanément soulagé...

Le lait, le sucre et le temps qui était passé avaient finit de calmer la douleur de Franceska. Le Duc esquissa un sourire de soulagement. Plus de peur que de mal. Il se recala au fond de son siège, rassuré.
Il était toujours aussi surpris de l'efficacité du sucre, mais il croyait la jeune femme sur parole. Il n'essaierait pas de se brûler pour vérifier l'efficacité du procédé.

J'y songerai oui, maintenant que vous m'avez fait découvrir l'astuce. Jamais je n'y aurait pensé j l'avoue.
Comment vous êtes-vous rendue compte de l'efficacité du sucre dans ce genre de situation? C'est loin d'être immédiat.

La rousse afficha un large sourire. Nombreuses était les connaissances qu'elles possédait sur l'art de soulager telles ou telles douleurs. Mais cela ne lui était pas inné. Il lui avait fallut être attentive, à l'écoute, apprendre, retenir les gestes, les dires de son aïeule pour se faire.

Je tiens ce procédé de celle qui fut ma Grand-mère. Elle était riche de connaissances et grace à elle j'ai pu apprendre tout un tas de choses dont les bienfaits du sucre en cas de brûlure comme aujourd'hui. Bon nombres de mes connaissances me viennent d'elle. Cette dernière ma tant appris... et de son savoir j'ai pu tirer bénéfice. Je tiens aujourd'hui ma propre herboristerie après avoir oeuvrer de longues années en sa compagnie. Ma Grand-mère connaissait la vérité sur les plantes et la vie... elle disposait de tant d'astuces pour soulager mes maux lorsque je n'étais encore qu'une enfant... Aujourd'hui je tends à poursuivre et à mettre en pratique le savoir-faire qu'elle m'a inculqué au profit de quiconque en à le besoin.

Câlant à son tour son dos contre le large dossier du fauteuil, elle porta une bref instant son regard vers la fenêtre, levant ses saphirs vers les cieux, lieu ou reposait celle qu'elle avait tant aimé et qui l'avait tant choyé.

La pluie a enfin cessé de tomber on dirait et la journée arrive déjà bientôt à son terme... Le temps passe si vite et plus encore lorsqu'on se trouve en agréable compagnie...

Posant ses mains sur les accoudoirs du fauteuil, faisant glisser ses doigts sur le tissu qui les recouvraient, elle reporta son regard sur le Duc.

Peut-être devrais-je vous laisser à présent... je ne voudrais pas abuser de votre temps... et je crois qu'il est l'heure pour moi de reprendre la route...

Lexhor écouta attentivement Franceska lui raconter le savoir qu'elle tenait de sa grand-mère. Tout devenait bien plus clair pour lui. Il sourit et termina sa tasse de tisane.

Je comprends mieux maintenant. C'est un savoir qui se transmet de générations en générations. Ce sont des connaissances formidables et précieuses.

Il tourna la tête lorsqu'elle évoqua la pluie qui venait de cesser et sa volonté de prendre congé. Il acquiesça de la tête.

En effet le temps s'est calmé oui. Mais vous ne me dérangez pas du tout. Je ne voudrais pas vous empêcher de vaquer à vos occupation non plus. C'est à vous de voir en somme!

Il sourit et rit légèrement. Le temps était en effet passé très vite.

S'il n'y avait eu qu'elle, il est fort probable qu'elle serait restée mais hélas sans doute devait-on déjà l'attendre pour prendre le départ. De plus, elle devait encore se rendre dans les appartements de Keridil afin de lui dire au revoir et de faire une dernière fois le tour de chacune des pièces pour voir si elle n'y avait rien oublié.
Se penchant légèrement, elle prit appui sur les accoudoirs du fauteuil afin de se lever.

C'est avec un certain regret, malheureusement, que je me dois de vous quitter... mais j'aimerai encore pouvoir disposer d'assez de temps pour aller saluer Keridil avant que je ne quitte Auneau...

Saisissant le châle qu'elle avait posé sur le dossier du fauteuil dans lequel elle avait prit place à son arrivée, celui là même qu'elle portait précédement tandis que tous deux se trouvaient aux abords de l'étang, elle le replaca sur ses épaules, y repassant ensuite sa besace, avant de se retourner vers son hôte.

Votre Grâce... encore merci pour cet accueil que vous avez su me réserver en vos murs et sur vos terres... Sachez que ce fut un réel plaisir pour moi que de vous y avoir rencontré... et j'espère sincérement avoir la chance d'en avoir à nouveau l'opportunité.

Esquissant un franc sourire, elle attendait désormais que le Duc la mène jusqu'à la sortie.

Lexhor sourit et se leva. Franceska devait prendre congé. Toutes les bonnes choses ont une fin et cet charmante après-midi n'échapperai pas à la règle.

Vous serez toujours la bienvenue sur mes terres. J'ai été ravi de vous rencontrer et d'apprendre à vous connaître. N'hésitez pas à revenir vers moi si je puis vous aider en quoi que ce soit.

Il fit quelques pas en avant puis se tourna vers Franceska, lui montrant la porte et l'incitant à le suivre. Ils passèrent les couloirs avant d'arriver à la grande porte.

Bien. Je vais vous laisser ici. Vous connaissez le chemin menant à la maison de Kéridil. Bon courage pour la suite. Quoi que vous choisissiez, ne soyez pas trop dure avec ce jeune homme. Il est sensible et c'est quelqu'un de bien.

Il sourit.

Aller, je vous laisse. Filez jeune demoiselle!

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