Celle que l’on surnommait Finger arriva enfin en vue d’Auneau. Même de loin, les fortifications en imposaient au regard du visiteur. Autour de la jeune femme, des champs, des bois et quelques métairies l’avaient escortée à travers les terres, dépendances du château. A chaque paysan croisé, elle avait salué en notant le sourire que tous affichaient. A leur bonhomie, on pouvait supposer que le maître prenait soin de ses gens.
Elle montait son cheval, Balthazar, qui l’avait suivi au grès de ses pérégrinations depuis 10 ans. L’étalon approchait les 14 printemps et Finger songeait à lui trouver un remplaçant, se promettant d’offrir à son fidèle compagnon une retraite bien méritée. Malgré son âge, la bête piaffait d’impatience entre les jambes de sa maîtresse, supportant difficilement le pas comme allure imposée. Pourtant, la fin du voyage approchait et la jeune femme se remémorait les raisons de sa venue.
La cavalière répondait à une invitation que le duc lui avait faite après qu’elle se soit portée volontaire d’abord pour protéger Orléans puis pour guerroyer contre les angevins. Il lui proposait de venir le rencontrer en son fief dans l’idée de rejoindre sa mesnie, Les Lames d’Amahir. Finger, qui n’avait jamais songé à se mettre au service de quelqu’un, avait pourtant réfléchi à la question avec grand intérêt sans pour autant précipiter sa réponse.
Après quelques courtes nuits, elle dut bien admettre qu’elle n’avait qu’une envie, celle d’accepter cette offre. Elle, sans famille, qui avait abandonné pays et amis pour un besoin d’aventures, avait ainsi la possibilité de mettre sa loyauté et son dévouement au service d’un clan et d’un homme juste, venu à son aide à plusieurs reprises sans lui demander de compensation, si ce n’est son épée si elle le désirait. Une fois sa décision prise, elle avait préparé dans l’heure son paquetage et sa monture pour prendre la direction du Domaine d’Auneau a^rès avoir envoyé une missive avertissant le duc de son arrivée prochaine.
Finger arriva enfin au village qui s’était installé au pied de la première muraille. C’était jour de marché et les villageois se pressaient aux étals des marchands pour remplir leurs paniers de victuailles et autres fournitures. Un enfançon lui tendit quelques noix en souriant et elle le récompensa en lui donnant 3 deniers tirés de son escarcelle avant de ranger les coques dans une de ses sacoches. Balthazar traversa sans peine la foule qui le bousculait pour arriver au cœur de la basse-cour.
La jeune femme mis pied à terre et confia sa monture à un palefrenier venu à sa rencontre avant de se diriger vers l’entrée du château. Elle adressa un sourire aimable au garde qui lui jetait un regard curieux bien plus que méfiant.
Bonjour. Je me nomme Yaël van Rijkel. Je tiens une invitation de Sa Grâce Lexhor d’Amahir. Auriez-vous l’amabilité de lui faire savoir ma venue y ce lieux ?