[RP] Entretien avec Isabelle Lupin Campbell d'Inverness

Occupé dans le donjon à mettre en ordre quelques affaires, à organiser et prioriser ce qu'il aurait à faire dans les jours à venir, compte tenu des changements récents qui avaient été opérés dans sa vie et qui la bouleverseraient d'ici quelques mois, Lexhor fut averti que son invitée, attendue d'un jour à l'autre venait de faire son entrée en ses terres d'Alluyes, en provenance du Maine.
Il cessa sous peu ce qu'il était en train de faire, le reportant à plus tard, et descendit de sa tour afin de se rendre au petit salon où l'attendait Isabelle, à qui il fut proposé breuvages et en-cas pour patienter.
Lorsqu'il fut à la hauteur de la jeune femme, il s'inclina avant de saluer.

Dieu vous garde, dame Isabelle. Je suis ravi de vous rencontrer. J'espère que vous avez fait bon voyage depuis le Maine. Soyez la bienvenue à Alluyes.

Il invita alors la jeune femme à s'asseoir et se plaça dans un fauteuil lui faisant face.

Dites-moi donc ce que vous avez prévu. Souhaitez-vous que nous discutions dès maintenant de ce qui vous amène ou bien préférez-vous reporter notre entretien à demain et prendre possession de vos appartements pour vous reposer un peu ?

Ceci dit, il demanda un verre de vin et fit servir à Isabelle le rafraîchissement qu'il lui convenait.

Isabelle avait été fort bien reçue et bien que coutumière aux fastes du château paternel en Royaume d'Ecosse, elle ne se lassait jamais d'observer le fonctionnement de chaque maisnie; chaque seigneur avait en ses terres des habitudes qui leur étaient propres, une manière de diriger leurs domaines. Son Altesse possédait semblait-il une fort nombreuse domesticité qui semblaient se mouvoir dans une danse cadencée et perpétuelle, chacun sachant où se trouvait sa place et effectuant un travail qui ne demandait pas ou peu d'erreurs.

Son père lui-même savait se montrer bon et généreux envers ses domestiques, chevaliers et écuyers de sorte que chacun le respectaient et l'admiraient, cependant, il n'aimait pas perdre son temps et en échange de sa diligence et de sa confiance à leur égard, exigeait un service impeccable et sans fausses notes, afin de ne pas le déprécier des autres seigneurs qui le visitaient.

Lorsqu'elle pénétra dans un petit salon coquet à la suite d'un page affairé, la jeune femme fut installée avec égards et on lui manda ce qu'elle désirait en attendant son Altesse; toutes sortes de mets avaient savamment été installés sur la table basse ainsi que quelques boissons pour se rafraîchir après le voyage. La jeune femme demanda une citronnade fraîche, se régala d'un biscuit en espérant de pas être prise en flagrant délit de dégustation, même s'ils avaient été déposés là à son attention. Prenant garde de ne pas tâcher sa robe ni de maculer le précieux tapis de miettes, elle termina peu de temps avant que Son Altesse ne soit annoncée. Celui-ci s'inclina et s'enquit de son voyage. A son tour, elle fit une révérence gracieuse, rompue aux cérémonies de ce genre et répondit avec un sourire :

- Votre Altesse, je vous présente mes hommages les plus respectueux. Je suis également ravie de vous rencontrer et je souhaite ne point vous avoir déranger en vos tâches; cela est extrêmement bienveillant de votre part de m'avoir accorder cette entrevue et de m'accueillir en vos murs. Mon voyage fut tout à fait satisfaisant, les brigands se trouvant malheureusement en Normandie, je n'ai pas eu à souffrir d'aucune attaque.

Suivant son geste qui l'invitait à prendre place dans le fauteuil qu'elle avait délaissé quelques instants auparavant pour le saluer, la jeune femme prit à nouveau la parole :

- Votre Altesse, comme je l'ai expliqué dans ma missive, je mène actuellement des recherches sur; sans flagorneries aucune de ma part, Dieu m'étant témoin que ce n'est pas dans mon caractère, les personnages ayant de leur passages marqué l'histoire de notre Royaume ou la marquant encore. Messire Morphey de Volmonte nous a donc chargé de choisir un personnage chacun, d'en dresser son parcours, expliquant à travers un entretient ce qui a évolué ou changer avec vos idées et votre travail. Vous avez, de votre loyauté sans failles et votre dévouement à notre Royaume marqué votre passage ici lieu en apportant soutient indéfectible à Feue Sa Majesté Eusaias que nous regrettons, en tous cas moi - trace de son caractère franc reparaissant à la surface -.

Prenant une pause, la jeune femme sourit et termina sa petite tirade.

- Je suis à votre disposition Votre Altesse et je vous remercie encore pour votre accueil et d'avoir mis des appartements à ma disposition ici lieu. Je prendrais volontiers un petit verre de vin, Votre Altesse, je vous en suis gré.

Attentif, Lexhor écoutait son invité lui exposer la situation et le travail qu'elle avait à réaliser. D'abord surpris et flatté à la réception de la demande, il ne vit aucune raison de refuser de participer.
A mesure qu'Isabelle lui présentait la chose, il comprenait un peu plus ce qu'elle attendait de lui et espérait être à la hauteur des attentes de la jeune femme. Lorsqu'elle eut terminé, il lui fit servir un verre de vin et l'accompagna.
Il frotta machinalement le bouc qui ornait son visage fatigué et hocha la tête.

Ne me remerciez pas dame Isabelle, il est tout à fait normal que je vous aide dans votre démarche si je le puis. Ce sera un exercice inédit pour moi, qui me changera de mes occupations habituelles. J'ai, je vous l'avoue, été surpris que l'on s'intéresse à moi de cette manière. Et un peu flatté également.

Il sourit largement avant de boire une gorgée de vin.

Enfin, je suis à vous. Comment voulez-vous procéder ? Dites-moi ce que vous voulez savoir, je tâherai d'être à la hauteur de vos attentes.

Isabelle lui accorda un sourire après avoir trempé ses lèvres dans le nectar et répondit :

" - Disons pour être tout à fait honnête que je cherchais quelqu'un qui soit représentatif après Feue Sa majesté du règne du Roy Eusaias, aussi ai-je repensé à mon cours de droit chez les Dragons qui parlait de vous également. "

Sortant digne de la plus parfaite étudiante, son parchemin noirci d'une écriture fine et penchée, elle s'excusa un instant d'un regard, le temps de se rémémorer son mémoire puis dit :

" - Je pensais que Votre Altesse pourrait débuter par un... comment dire ? Inventaire de ses anciennes occupations en allant vers les actuelles. Je pensais qu'il serait intéressant de vous mander comment avez-vous vécu le règne de chacun des rois qui ont régnés depuis vos accessions à des responsabilités proches du pouvoir, pour commencer. "

La jeune femme lui adressa un petit sourire, sachant qu'il était incorrecte de marteler par trop de questions son interlocuteur sans discontinuer. Elle but une légère gorgée de vin et attendit.

Après quelques gorgées de vin avalées tout en écoutant son interlocutrice lui faire part de ses premières demande, il hocha la tête afin d'acquiescer.

Fort bien, faisons ainsi. Je vais commencer par tenter de vous exposer mon parcours de la manière la plus exhaustive et la plus concise possible. Notez que ce dernier point sera le plus difficile pour moi qui ait une grande propension à m'étendre. Même si généralement ça n'est pas pour parler de moi.

Il bu une autre gorgée avant de reprendre.

Avant de m'établir dans la ville d'Orléans, j'ai vécu longtemps à Gien où je suis né. C'est donc là que j'ai commencé mon investissement public. Déjà adepte de l'ordre et de la sécurité publique, j'ai intégré la maréchaussée de Gien en comme sergent, avant d'en prendre la tête en tant que Lieutenant. Plus tard, le prévôt de l'époque fit de moi son premier adjoint en me nommant Premier Maréchal d'Orléans. Parallèlement j'ai participé à de nombreux conseils municipaux mais également aux débuts du premier rassemblement politique en Orléans, le parti Pourpre. Après avoir acquis une certaine expérience, je suis entré au conseil ducal et j'ai pris la tête de la prévôté. J'ai donc été en première ligne lorsque les armées bretonnes ont attaqué puis prit le château d'Orléans. Ce fut l'un des pires souvenirs de ma vie.
Une fois l'orage passé, j'ai continué mon investissement. J'ai été élu gouverneur d'Orléans à cinq reprises. Mais j'ai du démissionner lors de mon quatrième mandat après avoir été désigné duc d'Orléans pour la première fois. J'ai régné une seconde fois par la suite.

Au cours de toutes ces années, j'ai occupé différentes charges en Orléans, que ce soit ducales ou municipales. Je vous ferait parvenir, si vous le souhaitez, un résumé de tout cela. Ainsi que divers récit qui pourraient vous aider, rédigés à l'occasion de patentes d'anoblissement ou de candidatures à la pairie. Excusez-moi mais malgré ma bonne mémoire, je ne puis dire sans m'aider de quelques documents quel fut exactement mon parcours. Ce sera l'occasion de porter un regard avec un certain recul sur mon passé.

C'est après mon deuxième règne que j'ai voulu m'intéresser plus particulièrement aux institutions royales. Je suis devenu poursuivant durant ce second règne puis héraut par la suite avant de devenir Maréchal d'Armes. J'ai également intégré la pairie durant cette période.
C'est ce qui m'a permit de devenir Grand Maître de France.
Tout au long de ma vie, mon investissement pour ma ville, ma province ou la Couronne de France a été ponctué de nombreuses campagnes que ce soit en Provence, en Berry, dans les provinces du Ponant ou au sein du Domaine Royal.

Il fit une légère pause afin de boire un peu de vin et de se faire resservir, ainsi qu'Isabelle.

Peut-être avez-vous déjà des questions à me poser, des précisions à demander.

Isabelle écouta Son Altesse avec plaisir; elle-même comprenait qu'on puisse se montrer loquace sur les sujets qui vous tenaient à cœur car, bavarde de nature, bien qu'elle ne s'étendit pas sur sa personne, préférant discourir sur des faits de sociétés, politique, histoire, entre autres. La jeune femme n'était pas non plus de celles qui se vantaient ou ne parlait que d'elle-même; si elle le faisait parfois, c'était pour une candidature ou quelque chose de concret qui ne lui en laissait pas le choix. Ce qu'elle appréciait chez autrui était de savoir s'effacer afin de mettre en avant ce qui les préoccupait. Ce fut donc avec joie qu'elle accueillit le projet de Morphey qui les encourageât à s'intéresser à l'Histoire même de leur Royaume à travers leurs contemporains.

Elle prit quelques notes, souriante, buvant par moments quelques gorgées avant de dire :

Ce fut donc Votre Altesse, le désir de servir fidèlement et aussi efficacement que possible qui guida votre choix de vous investir pour votre province tout d'abord puis de notre Royaume ? Je vous serais reconnaissante de me faire parvenir un résumé sur tout cela, je pense également que le fait d'enrichir mon reportage de lettres et documents serait fort intéressant et je vous remercie de bien vouloir vous donner la peine de ressortir ces documents pour mon travail, dit-elle, confuse de tant le déranger.

Il est, je crois de notoriété publique pour quiconque connait un tant soit peu notre Royaume que votre armée, les Lames d'Amahir, a fréquemment, pour ne pas dire toujours participer activement à la défense des intérêts de la Couronne. J'ai quelques amis parmi vos soldats et je les connais suffisamment pour savoir que leur dévouement est sans failles. J'ai moi-même il y a peu aider de mes modestes moyens l'armée de la COBA en Champagne quand les félons Fatum ont pris pour cible la Champagne, bien que nous n'ayons finalement pas combattu. J'ai au moins eu la joie de revoir mon amie Xalta que Votre Altesse connaît je le crois et qui fut parmi les premières personnes que je rencontrai quand je suis née à Montargis. Je regrette l'Orléanais, je songe d'ailleurs y retourner sous peu vivre.

La jeune femme sourit, heureuse de converser avec une personne si investie, ce dont manquait cruellement le Royaume à son sens.

Son verre de vin dans la main droite et la gauche occupée à frotter le bouc qui ornait son visage, le prince écoutait, intéressé, les propos de la jeune femme dont il admirait de plus en plus l'élocution et l'éducation. Sa curiosité était également piquée, devant le mystère que représentait cette jeune femme pourvue de nombreuses qualités apparentes. Nul doute qu'une fois sa contribution aux travaux d'Isabelle achevée, il n'en resterait pas là.
Avalant une gorgée avant de répondre, il hocha la tête.

C'est parfaitement cela, dame Isabelle. J'aspire à servir, car tel est mon destin. Celui que dieu a choisi pour moi. Et puis, je ne sais faire que cela.
Concernant les documents, je les rassemblerai dès que vous aurez obtenu toutes les informations que vous souhaitez et ils vous seront remis avant votre départ.

Léger sourire.

Effectivement, Les Lames servent Orléans et la Couronne depuis bien longtemps. Au moins depuis la guerre de Provence. J'ai eu l'honneur d'être servi par des personnes fidèles et courageuses. De ma garde personnelle, ces hommes et ces femmes dont devenus membres de ma famille et leur loyauté n'a d'égale que leur bravoure. Ils ne réclament rien et méritent tous les honneurs que je puisse leur offrir. Sans eux, je ne serais pas l'homme qui se tient devant vous.

Nouveau sourire.

Mais si vous connaissez certains d'entre eux, vous devez savoir tout cela. La duchesse Xalta et moi avons une histoire compliquée. Disons, pour faire simple, que de farouches opposants, nous sommes devenus de plutôt bons amis. Et nous œuvrons parfois ensemble. Elle a mon respect.

Et puis, puisque la patience n'était pas toujours à ses côtés et qu'il brûlait de l'évoquer sans attendre la fin de leur entrevue, il se risqua à une allusion, plus ou moins habile.

Et si Orléans vous manque et que vous envisagez un retour, je ne puis que vous y encourager. Mes terres vous feront toujours bon accueil et si vous désirez vous joindre à notre belle famille, ce sera un plaisir et un honneur.

Son Altesse aspirait à servir car comme il le disait, c'était son destin; il lui semblait qu'ils avaient là un point commun certain, servir le Royaume, leur Roy et leurs terres, leurs Provinces. Elle lui adressa un sourire franc, sincère car elle savait qu'ils avaient comme objectif commun le bien d'un Royaume même s'ils y contribuaient à différents niveaux, le sien étant beaucoup plus élevé que celui d'Isabelle. Il lui semblait qu'elle ne saurait, elle non plus, ne faire que cela toute sa vie, servir fidèlement son Roy. Telle était l'éducation dont les avait pourvus son père, telle serait sa destinée.

La jeune femme écoutait ce que Son Altesse lui dit au sujet des documents et des travaux qui l'avaient menée jusqu'ici. Hocha la tête.

" - Au risque de me répéter, je vous en sais gré Votre Altesse du mal que vous vous donnez, je vous ferais lecture de mon "reportage" dès que possible et vous en donnerais une copie si vous le souhaitez. "

Une légère pause pour se désaltérer puis Isabelle répondit à Son Altesse :

" - En effet, l'on m'a dit grand bien de cette armée, votre armée et les hommes qui en sont ne se plaignent pas, bien au contraire. Ils sont fiers et heureux de servir votre Altesse. "

Elle repensait à l'Orléanais depuis quelques temps car elle s'ennuyait parfois, aurait aimé retrouvé ces terres si proches de celles où elle avait vécu heureuse. Oui... Revenir en Orléans la tentait et elle ne s'en cachait même plus. Elle inclina le buste, touchée par ses paroles, en signe de remerciements, répondit :

" - Orléans me manque il est vrai, la vie peut être morne, lorsqu'on a connu de telles Provinces, surtout celles du Domaine Royal. Si j'en ai les qualités nécessaires, ce que je souhaite, ce serait avec un grand honneur. "

Il hocha la tête à plusieurs reprise et, tout en écoutant, fit resservir du vin. Ce vin rouge léger et fruité de Saint-Pourçain qu'il appréciait tant mais qui était désormais en concurrence avec les vins de Touraine.
Il était ravi de la digression momentanée de l'entretien qui semblait rapprocher de plus en plus la jeune femme d'Orléans, ce qui ne pouvait que le réjouir.

Et bien l'affaire ne semble pas loin d'être entendue. N'hésitez pas à revenir vers moi lorsque le moment sera venu. Ou si je puis vous être utile d'une quelconque manière.

Puis, se souvenant que la jeune femme avait des travaux à réaliser...

Mais nous devrions revenir à ce qui vous intéresse le plus. Avez-vous d'autres questions, que désirez-vous savoir de plus ?

Isabelle termina son verre de vin, nectar léger et provenant manifestement de ceps anciens et de choix et s'apprêtait à répondre à Son Altesse quand elle fut interrompue par un coursier venu impunément la déranger ici, sans prendre en considération qu'elle n'était pas seule et en compagnie de Son Altesse, ce qui aurait décourager en toute logique beaucoup de gens... Il s'inclina sous l'œil assassin d'Isabelle devant son interlocuteur et celle-ci préféra s'excuser derechef :

Je suis croyez-le navrée Votre Altesse pour cette intrusion intempestive.

Elle fit signe au messager qu'elle ouvrirait la missive qu'il lui apportait plus tard mais il insista et se retenant de soupirer, elle parcourut la lettre rapidement, empourprée de subir telle honte.

Citation :: Nous, Aeglos d'Orkney-Bressey, duc d'Aumale, Seigneur de Montpeyroux, Premier secrétaire d'état, vice Grand Ambassadeur Royal de France.

A tous présents et à venir, faisons savoir, que pour asseoir les relations du Royaume de France hors de ses frontières, nous statuons et arrêtons ce qui s'ensuit:

La personne ci-nommée est officiellement ambassadeur royale de France auprès du Royaume d'Ecosse :

- Dame Asphodelle di Céarini

Item, la personne ci-nommée est officiellement ambassadeur royale pour le Marquisat de Provence:

- Dame Isabelle Lupin Campbell

De plus, ayant fait ses preuves, le vice ambassadeur royal suivant est promu ambassadeur royal. Rappelons cependant que même si la période d’essai est terminé, un travail tout aussi poussé, voir d'avantage, est attendu.

- Cornazzano de Carafa

Portons ce fait à la connaissance de tous qu'il leur soit conféré tout le respect et la dignité liés à cette charge.

Nous avons également prise en compte la démission de Sa Grâce Akane Giffard, nous la remercions chaleureusement pour son travail et lui souhaitons de trouver une autre route paisible.

Fait le dix-septième jour du mois de novembre de l'an de grasce mil quatre cent soixante et un.

Aeglos d'Orkney Bressey.

La réponse qu'elle attendait des Ambassades, bien qu'elle sache qu'elle serait prise puisque Sa Grâce avait semblée enthousiasmée par l'entretien... Mais c'était l'aboutissement de quelque chose. Ne sachant plus trop comment faire oublier à Son Altesse l'intrusion de l'impétueux qui repartit satisfait de lui-même et d'avoir mener sa tâche à bien, elle décida la franchise et partagea la lettre avec lui.

Vraiment, je suis navrée.

Citation :: Et bien l'affaire ne semble pas loin d'être entendue. N'hésitez pas à revenir vers moi lorsque le moment sera venu. Ou si je puis vous être utile d'une quelconque manière.

Oui, elle l'est pratiquement il me semble, j'ai décidé d'achever mon mandat de tribun de la ville de Montpensier et de partir vivre en Orléans ensuite, où je possédais déjà un appartement.

Elle sourit, intérieurement satisfaite que sa décision de déménager fut enfin prise. Puis se reportant sur "leur" affaire, la jeune femme s'éclaircit la voix et demanda :

Bien, je voulais vous mander Votre Altesse comment avez-vous vécu d'un point de vue professionnel les différents règnes royaux, je me doute que dans l'exercice de vos fonctions, une nouvelle élection royale entraîne forcément une remise en question, vous demandez-vous si vous allez poursuivre dans les mêmes charges ou au contraire, profitez-vous des passassions de pouvoir pour tenter de nouvelles expériences professionnelles ?

Le prince hocha la tête afin de signifier que tout allait bien, peu dérangé par l'arrivée, bien que quelque peu intrusive, du messager. Lexhor fit resservir du vin tandis que la jeune femme prit quelques instants pour lire le pli qui venait de lui être remit.

Il n'y a pas de mal, je vous en prie.

Puis elle revint au coeur de leur discussion, ce qui entraîna un nouveau frottement de bouc de la part de l'orléanais, agrémenté d'un sourire.

Les passations de pouvoir sont effectivement propices aux changements. Vous ne croyez pas si bien dire. Il y a deux jours [le 08 octobre 1461 RP parlant, puisque l'entretien se déroule le 10], sa Majesté le roy a acté ma révocation de ma charge de Grand Maître de France. Bien que non voulue, cette disgrâce va me permettre de profiter plus des miens.

Léger sourire, amer.

J'ai accueilli le règne de Béatrice avec curiosité et même si je n'ai pas adhéré la plupart du temps à la politique qu'elle a mené, je conserve pour elle un certain respect.
Je fus ensuite bien plus proche de la ligne de conduite menée par sa majesté Nebisa. Elle a eut le courage de prendre des décisions difficiles mais nécessaires. Son règne fut compliqué.
J'ai très mal vécu le règne de Vonafred. J'ai pris un certain recul durant cette période, tant je me sentais impuissant à faire entendre certaines choses. Il n'y avait rien à faire. L'opacité et le clanisme régnait.
Vint ensuite sa Majesté Eusaias, dont j'étais loin d'être un grand partisan et qui a su me convaincre par ses actions. Je ne pouvais être en accord avec lui sur tous les points, mais il était bien loin de celui pour qui l'on a tenté de le faire passer. J'avais beaucoup de respect pour lui et conserve une grande estime pour lui et son action.

Une, puis deux gorgées de vin avalées.

Autre chose ?

[Vraiment désolé pour le délais honteux de réponse. La fin d'année a été chargée pour moi et je n'ai pas eu le temps de penser à tout...]

La lettre de sa nomination entre les mains, sans qu'elle sache quoi en faire, la jeune femme se reporta à ce que son illustre interlocuteur lui disait et écouta avec attention, prenant des notes dans sa tête qu'elle retranscrirait ensuite sur papier.

Je n'ai guère d'autres questions, Votre Altesse ayant répondu avec exactitude aux miennes, je ne tiens pas à abuser de votre temps précieux, ayant déjà perturbé votre emploi du temps; ce dont encore une fois je m'excuse.
Sachez, même si cela dévie de notre conversation première que s'il vous faut un soutient, de mes maigres capacités, je ferais de mon mieux. Ayant toujours servi la Couronne avec fidélité et sincèrité, il me semble injuste que certains des meilleurs officiers du Royaumes soient relégués au second plan alors que d'autres, si l'on puit dire arrivistes profitent de tout ces changements hiérarchiques pour gagner en importance au Royaume.
Pour en venir à moi, sujet sur lequel je ne suis guère loquace, n'aimant pas 'me vendre" ou "me vanter", je suis prête à servir fidèlement la Couronne tant en tant que militaire qu'autres choses. Je serais d'ailleurs très honorée de servir votre armée avec loyauté, Votre Altesse.

Elle lui sourit avec sincérité, buvant une gorgée de vin.

Non, je crois, si vous m'en croyez capable d'intégrer votre prestigieuse armée et d'être prête à me sacrifier pour votre survie.

Un large sourire se dessina sur son visage. L'entretien avait révélé quelques surprises agréables et c'était le genre d'imprévus qui plaisaient au Prince. Une nouvelle recrue, motivée énergique allait le rejoindre. Une perspective des plus réjouissante.

L'affaire est donc faite dame Isabelle. J'espère vous voir bientôt vous installer en Orléans et vous accueillir à nouveau sur mes terres afin de vous présenter aux Lames et à mes proches. Ce sera un plaisir et un honneur.

Isabelle souhaitait que le rendu de son exposé serait à la hauteur du temps que Son Altesse lui avait si gentimment accordé, en tous les cas, elle ferait tout pour rendre un travail d'une exactitude propre à son perfectionnisme. Elle n'était ni égocentrique, ni prétentieuse mais la jeune femme devait avouer aimer le travail bien fait, s'entourer de personnes cultivées et possédant le même désir de s'élever intellectuellement. C'était peut-être stupide de penser cela, mais pour elle, à quoi servait-il de vivre si c'était pour se contenter de ce que l'on possédait sans chercher à se surpasser tant professionnellement que personnellement ? Son Altesse était pour elle un exemple à suivre pour ce qui était de sa carrière car il devait sa réussite à son intégrité et à son labeur acharné, elle l'avait comprit tandis qu'il lui exposait son parcours.

Elle rosit lorsqu'il lui dit que ce serait pour lui un plaisir et un honneur de la présenter aux Lames et à ses proches.

"Votre Altesse, je vous remercie infiniment de votre accueil et de vos paroles bienveillantes à mon égard. Je ne suis qu'une humble sujette et vos paroles m'honorent, c'est encore plus pour moi un honneur que d'avoir pu converser avec vous et de rencontrer les membres de votre armée et vos proches. Vous pourrez compter sur ma loyauté et mon dévouement.
Je dois me rendre au couronnement de Sa Majesté Richelieu en tant que diplomate de la Couronne en Marquisat de Provence, l'affaire de quelques jours et je reprendrais la route pour Orléans en début de semaine prochaine où je m'installerais derechef."

La jeune femme lui sourit avec franchise, reconnaissante.

Le prince hocha de nouveau la tête, termina son verre puis se leva tout en "aidant" son invitée à en faire autant. Il la raccompagna après l'avoir saluée et s'être assuré que tout était en ordre ainsi que de discuter de quelques détails concernant sa prochaine visite.

A nouvelle visite, nouvel entretien, bien des mois plus tard. le Prince était encore affairé à terminer ce qu'il avait entamé. Isabelle était conduite dans la pièce par un valet de pied et invitée à prendre place dans un fauteuil en attendant.

Dans le dédale des couloirs du rez-de-chaussée, qu'elle connaissait pour être déjà venue, la jeune femme suivit le valet qui la conduisit en un petit salon. Il lui intima de prendre place en attendant que Son Altesse soit disponible, ce qui lui fit prendre conscience une fois de plus que sa visite impromptue était mal vue, ce dont elle se sentait mal.

Elle attendit que le page prenne congé puis regarda le présent, peinture qu'elle avait réalisée pour Son Altesse, espérant lui faire plaisir et le prier de l'excuser, même si la toile datait de plusieurs mois, étant donnée qu'elle aurait du revenir bien plus tôt à Alluyres.

Après s'être hâté de terminer ce qu'il avait en cours, et qu'il ne pouvait pas cesser séance tenante, il prit la direction du petit salon où l'attendait depuis un moment sa visiteuse impromptue. Il ne pensait plus revoir Isabelle un jour et était curieux de connaître la raison de sa nouvelle visite. Peut-être était-elle venue lui montrer le travail qu'elle avait réalisé et pour lequel elle était venue une première fois s'entretenir avec lui, de longs mois auparavant. Il s'avança à sa hauteur et s'inclina.

Dieu vous garde, Isabelle. Navré de vous avoir tant fait attendre. Je suis surpris de vous voir ici. Je ne pensais plus avoir de vos nouvelles. J'espère que vous allez bien.

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Isabelle avait suivit le garde au petit salon, connue, puisque la jeune femme avait déjà eu l'honneur d'y être reçue par Son Altesse quelques mois plus tôt. Elle avait porté son présent avec précaution, y jetant un coup d’œil pour voir s'il n'avait pas souffert du voyage puis son hôte entra en s'inclinant devant elle.

Citation :: Dieu vous garde, Isabelle. Navré de vous avoir tant fait attendre. Je suis surpris de vous voir ici. Je ne pensais plus avoir de vos nouvelles. J'espère que vous allez bien.

Isabelle lui sourit puis plongea en une révérence ravissante.

Votre Altesse, le salua-t-elle. Me pardonnerez-vous mon audace de venir en ces lieux sans invitations préalable ? Croyez-m'en navrée, je ne sais à quoi j'ai pensé. Il était si impoli de vous écrire et sans attendre réponse, venir comme une malpropre vous déranger...

Elle disait cela avec sincérité, le pensant du fond du cœur.

La jeune femme fit un pas, saisit sa besace et sortit un paquet soigneusement enveloppé qu'elle offrit à son hôte, espérant que cela lui plairait, bien qu'il ne fut pas d'une joliesse folle.

Votre Altesse, acceptez ce présent, je vous prie, ô, ce n'est pas très beau mais cela vient du cœur.

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Je vais bien, je vous remercie Votre Altesse, malheureusement, je me sors à peine d'un rapt sur les terres de mon père et de fait je n'ai point eu d'autres choix que de me battre pour m'en sortir puisque je n'ai nul époux pour me sortir du guêpier dans lequel j'étais tombée. Mon coup de dague est bon, je le crois alors fort heureusement, je m'en suis sortie. Vous ne m'avez pas fait attendre, au vu de l'impudence de mon comportement, il serait mal élevé de faire remarquer un quelconque retard, tenta t-elle de plaisanter. J'espère que Votre Altesse se porte bien également.

Le Prince hocha la tête et prit place sur un fauteuil après avoir servi deux hanaps de vin et en avoir offert un à Isabelle. Il l'écouta avec attention lui raconter les mésaventures qu'elle avait rencontré depuis la dernière fois qu'ils st'étaient vus.

Il n'y a pas de mal, Isabelle. Vous êtes simplement chanceuse de me trouver ici aujourd'hui. Je n'ai aps eu le temps de vous répondre plus vite mais j'y comptais bien.

Il bu une gorgée de vin avant de se saisir du présent qu'elle lui tendit. Il observa un moment le tableau en hochant la tête. Il posa à nouveau les yeux sur son invitée et lui sourit.

Merci beaucoup Isabelle, il est très bien, au contraire. Je ne vous connaissais pas ces talents.

Il posa le tableau en sécurité et écouta le récit que lui faisait Isabelle.

Je vais bien, merci. Je n'ai pas autant souffert que vous. C'est affreux ce qui vous est arrivé. Fort heureusement vous vous portez bien.
Alors, que puis-je pour vous ?

Isabelle lui sourit et fut heureuse de constater qu'il trouvait le tableau à son goût.

- Je vous remercie beaucoup, mais mon talent, Votre Altesse se limite à peu... je le craint à mon grand désespoir. Quant au temps de votre réponse, cela serait plutôt à moi de m'excuser, je sais que vous êtes très occupé, je rentre des écuries Royales où je viens d'être nommée écuyer du Royaume, mais il me faut garder de l'énergie pour effectuer mes tâches avec sérieux.

Isabelle se saisit à son tour de son verre et trinqua en compagnie de Son Altesse puis porta son verre et trinqua :

- A Votre Altesse !

Citation :: Je vais bien, merci. Je n'ai pas autant souffert que vous. C'est affreux ce qui vous est arrivé. Fort heureusement vous vous portez bien.
Alors, que puis-je pour vous ?

- Eh bien, quelques mois auparavant, nous devions nous revoir à ma demande, ce que vous aviez accepté, afin que je puisse regagner Orléans et rejoindre vos rangs, Votre Altesse. Auriez-vous toujours besoin de moi, d'une femme d'armes motivée, fidèle, prête à donner sa vie pour le Royaume. En tous les cas, je saurai rester à ma place, accepter er recevoir des ordres, les accomplir.

Elle lui sourit puis attendit en buvant une gorgée de son verre tout en regardant le Prince de ses yeux verts luisants.

Lexhor hocha la tête et sourit un peu, regardant à nouveau le tableau avant de reporter son attention vers son invitée.

Même les plus doués des artistes ont besoin de travailler, de s'exercer. Il ne suffit pas de se contenter d'un talent inné pour maîtriser un art complexe. Il faut persévérer et garder confiance et passion. Et ne pas se sous-estimer !

Il avala une gorgée de vin tout en écoutant la suite.

Bien, je vous félicite pour cette nouvelle charge. Les écuries sont un office important et intéressant, malheureusement bien trop délaissé et je ne peux que vous soutenir dans ce choix.

De concert, il leva son verre.

Santé !

Tout en se frottant le bouc, il tentait de se remémorer du mieux possible leur première rencontre désormais fort lointaine. Outre la biographie pour laquelle elle avait demandé à le rencontrer, elle avait évoqué une installation en Orléans et la possibilité de se rallier à sa bannière, ce dont il se souvenait désormais.

J'ai toujours besoin de gens sérieux et fidèles à mes côtés, pour m'aider à défendre les valeurs et les causes qui sont miennes et à servir la Couronne comme l'exige mon rang, du moins dans ma vision de ce qu'implique un tel rang.

Isabelle après avoir poser son verre, écoutant son interlocuteur, hocha la tête en signe d'assentiment car Son Altesse énonçait des vérités vraies.

Citation :: J'ai toujours besoin de gens sérieux et fidèles à mes côtés, pour m'aider à défendre les valeurs et les causes qui sont miennes et à servir la Couronne comme l'exige mon rang, du moins dans ma vision de ce qu'implique un tel rang.

La jeune femme qui n'avait plus ni époux, lâche l'ayant quittée pour une voie beaucoup plus sombre et ce à quoi elle ne s'était pas le moins du monde, se retrouvait depuis quelques temps, libre comme l'air, parfois un peu seule mais plus désireuse que jamais de rejoindre la bannière de Son Altesse.
S'il devait y avoir guerre, conflit ou combat, la jeune femme était prête au sacrifice au terme de son entraînement militaire.

" Je vous remercie Votre Altesse pour vos félicitations, bien que cela ne soit pas grand chose... rosit-elle. En tous les cas, sachez que vous ne trouverez, sans aucune forfanterie, personne d'aussi dévouée que ma personne pour vous servir sous les étendards de notre Couronne. Je suis d'ores et déjà prête, Votre Altesse. "

La jeune Isabelle lui sourit, franchement comme toujours.

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